Alors que la tempête fait rage autour du barrage de Sivens et que Manuel Valls relance la question de l’aéoroport à Notre-Dame-des-Landes, les Éditions Goater sortaient fin octobre un petit ouvrage qui devrait attiser la curiosité des écologistes en herbe bretons. Une Histoire de l’écologie en Bretagne* par Tudi Kernalegenn.
L’auteur de l’ouvrage n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà publié, entre autres, Luttes écologistes dans le Finistère; enseignant, chercheur et journaliste, Tudi Kernalegenn signe ici un volume de presque 200 pages autour de l’écologie en Bretagne. Vaste sujet qui se retrouve ici donc découpé chronologiquement, et expliquant dès son introduction qu’il y aura forcément des « impasses regrettables ». Le tout à travers le prisme d’un territoire entre terre et mer, marqué par de nombreuses luttes, et divers problèmes de pollution qui persistent encore à l’heure où la FNSEA déverse son jus dans les rues de Nantes.
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Plogoff, pétrole et eau potable.
Au commencement étaient les naturalistes, et l’aventure démarre dès le XVIIIe siècle avec Christophe-Paul de Robien, puis en 1859 la première station de biologie marine à Concarneau, la SPA (1845), la LPO (1912). Tout un pan d’histoire qui avance notamment depuis le XXe siècle avec la protection des paysages, les parcs naturels, ou encore la lutte contre le remembrement. Documents d’archives à l’appui, Tudi Kernalegenn nous apprend ainsi que déjà en 1979 certains « marchaient dans le marais » pour protéger une zone humide. Actualité quand tu nous tiens.
L’histoire avance donc avec ses nombreux organismes de défense de l’environnement; mais sont-ils de taille à répondre à l’envahisseur ? L’ouvrage rappelle le tournant de 1974, avec un chapitre entier consacré à la lutte de Plogoff et l’affaire de l’Amoco Cadiz. (ceux qui lisent ardemment L’Imprimerie trouveront ailleurs un article sur un concert de rap qui parle de pétrole sur les côtes bretonnes). Le nucléaire et les marées noires, deux cauchemars du territoire breton, qui ont cependant révélé l’esprit de lutte et d’engagement de sa population. Le drame récent du littoral qui aura marqué les esprits sera l’Érika en 1999.
C’était sans compter sur le problème des algues vertes, les OGM ou l’extraction de sable, lutte actuellement menée notamment par Le Peuple des Dunes en Trégor.
Les problèmes se comptent encore, et la moindre des choses pour commencer, c’est déjà de s’informer.
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Cartes et documents.
Le livre, qui donne également une large part à l’analyse des mouvements politiques notamment d’Europe Écologie les Verts en Bretagne, offre une série de cartes inédites qui permettent d’analyser géographiquement et visuellement la question. Le nombre d’archives (tracts, affiches, coupures de journaux, photographies) qui émaille le texte enrichit la documentation déjà fournie, et complétée en fin d’ouvrage par une bibliographie et une chronologie résumée qui permettra d’aller piocher sur certains sujets pour aller plus loin.
L’Histoire de l’écologie en Bretagne, préfacée et post-facée par Denez L’Hostis président de France Nature Environnement, permettra à certains d’apprendre bon nombre de choses, à d’autres de retrouver de façon synthétique une histoire qu’ils connaissent déjà. Et de s’interroger sur le sens de la maxime qui introduit le livre « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants »; les luttes qui sont encore en cours, et dont la plus proche est sans doute celle menée contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et à laquelle est consacrée une large annexe, méritent que l’on s’y attarde; l’histoire de l’écologie continue de s’écrire. Car nous n’avons qu’une seule planète.
Rencontre débat avec Tudi Kernalegenn au Papier Timbré (rue de Dinan à Rennes) le 14 novembre à 18h et à l’occasion des 5 ans de la maison d’édition.
*Le livre se réfère à la Bretagne historique et inclut donc la Loire-Atlantique.
