Le jeudi 27 mars à Rennes, le choix ne manquait pas dans les concerts. Le festival Jazz à l’Étage proposait à l’Ubu une affiche résolument électronique avec les Rennais de Docteur Poulpe, le flûtiste Magic Malik et une after par Dj Oil.
Le Docteur Poulpe a délivré en trio son ordonnance au public : 2 grammes de funk au matin, 1 tube d’électronique à dancefloor au coucher, 1 prise de dub à midi et une cuillerée de drum&bass à prendre en dehors des repas. Sur scène, Denis à la guitare accompagné de Fabien au saxophone et Pierre aux machines ; Docteur Poulpe chauffe l’Ubu avec ses compositions chargées en basses, en riffs et en saxophone hurlant. Un mélange qui fonctionne de manière souvent progressive. Avec sûrement un but inavoué : mener à une danse décomplexée et tentaculaire de la part de son auditoire.
Puis arrive la tête d’affiche de la soirée, Magic Malik et sa flûte. Non, ses flûtes, une traversière et une Akai, rare instrument à vent électronique, permettant un large jeu avec des sons de synthèse. À ses côtés, Dj Oil et Hubert Motteau à la batterie, des musiciens avec qui il a signé l’an passé l’album Tranz Denied et qu’il vient défendre sur scène. Défendre c’est le mot, car entre ceux qui se demandent s’ils ont bien fait de venir, ceux qui ne s’attendaient pas à ça, les chemins empruntés par Magic Malik peuvent surprendre. Pour cause, un virage électronique qui trimballe l’auditeur de lointaines contrées asiatiques en univers robotiques. Par moments, des sons font irruption, comme un jeu vidéo à la bande son détraquée, et puis soudain, une mélodie superbe. Tiens une rythmique qui reprend (servie par le jeu impeccable d’Hubert Motteau). Le public plutôt tiède se laisse finalement embarquer par les souffles de cet instrument étrange, souvent délaissé pour le korg, par les mélodies pop ou les improvisations jazz. Quand Magic Malik prendra la parole, ce sera pour faire remarquer « qu’il n’a pas grand-chose à dire ». Le langage musical qu’il explore aura parlé pour lui ; un langage nouveau et inclassable.