Barbara Stiegler, De la démocratie en Pandémie – Santé, recherche, éducation : un pamphlet éclairant sur notre démocratie malade.

Ça fait du bien de lire ce fascicule. On se souvient des laides choses. Les mesures délétères, a minima discutables, prises par le président de la République, au sein d’un Conseil de défense restreint (dans tous les sens du terme), sans appel et cachottier, sont rappelées. La valorisation, via les médias et les éditorialistes proches du pouvoir, d’une société de contrôle « à la chinoise », les interdictions dignes d’un temps de guerre chez des Shadoks sous amphétamine (interdiction de se regrouper dans l’espace public ; interdiction d’être statique sur une plage ; interdiction des cours en présentiel pour les étudiants ; interdiction de dire adieu aux anciens mourant dans l’isolement ou de les réconforter lors de leurs derniers moments ; interdiction de sortir de chez soi – avec tous les risques psycho-sociaux que cela impliquera chez les sujets déjà fragiles… Barbara Stiegler avec discernement fait le point sur cette sombre période de dictature sanitaire mal éclairée, dont, aujourd’hui, en haut lieu, on n’a tiré à peu près aucune leçon, que ce soit en terme de moyens alloués à la santé publique ou en terme de prévention des risques de survenue de nouvelles zoonoses dans notre monde de vitesse, de libre-échange, de mensonge, d’agro-industries, d’élevages colossaux, de zones naturelles étriquées et de mesures sécuritaires malaisantes aussi inefficaces que liberticides – ce nouveau monde transcontinental un peu effrayant baptisé « Pandémie ».

Et l’on se demande pourquoi la parole et les questionnements limpides de cette professeure de philosophie à l’université Bordeaux-Montaigne n’ont pas plus de portée.

« Nous pouvons certes continuer à nous confiner dans la tiédeur de nos bureaux, conclut-elle, et participer activement, avec nos écrans, à la mise en place des réformes qui détruisent les institutions qui, jusque-là, avaient porté ces métiers [soignants, éducateurs, enseignants, chercheurs]. Mais nous pouvons aussi tenter de nous unir, avec quelques autres, pour constituer des réseaux de résistance capables de réinventer la mobilisation, la grève et le sabotage, en même temps que le forum, l’amphithéâtre et l’agora. » (p. 54)

Ceci explique sans doute cela.

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