Cultures queer à Rennes 2 : épisode 1, conférence

En ouverture d’un cycle consacré aux cultures LGBTQIA+, l’université Rennes 2 recevait mardi 17 janvier le chercheur Quentin Petit Dit Duhal pour une conférence intitulée : art contemporain et culture queer, quelles représentations ? Vaste sujet, qui a rapidement rejoint le champ politique en conclusion des analyses artistiques.

 

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Lecture d’œuvre, analyse d’un mouvement : l’histoire de l’art documente, crée des liens avec l’histoire, analyse techniques et esthétiques. Qu’en est-il des créations artistiques qui relèvent de la culture queer ? Bon et pour démarrer, ça veut dire quoi, queer ? Dès le départ (mention spéciale pour l’écriture inclusive à l’oral), le chercheur Quentin Petit Dit Duhal se place en posture professorale : définir les termes, savoir de quoi l’on parle… mais aussi à quelles questions il ne répondra pas ! C’est non sans humour que l’heure de présentation se déroulera.

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À gauche, le travail d’autoportrait de Claude Cahun, à droite les ambiances colorées et le travail sur la figure de Saint-Sébastien des photographes Pierre et Gilles

 

Alors quelle culture queer dans l’histoire de l’art ? Et aussi, quels critères pour définir un « art queer » : celui de la création, de la réception ou de critères esthétiques ?
Toujours est-il qu’un basculement opère en tout cas à la moitié du XXᵉ siècle, et c’est principalement  le champ de la photographie qui occupera la conférence de Quentin. Des travaux de Claude Cahun à ceux plus contemporains de Pierre et Gilles, les analyses interrogent, remettent en place les luttes et la position des drags queens et drag kings dans cette histoire peu documentée. Il aura fallu 10 ans au collectif d’archives LGBTQIA de Paris pour obtenir un local. Soulignant la place essentielle des archives, ces traces et documents comme des tracts, revues et affiches qui permettent le travail mémoriel : comment regarder devant sans connaître l’histoire ? Les musées notamment, sont peu nombreux à visibiliser ces créations artistiques destinées à visibiliser cell·eux qui ne le sont pas ; citons entre autres l’Unstraight museum de Stockholm, le Schwules Museum à Berlin, ou encore le musée Mac Val à Vitry, ce dernier voyant son action de lutte contre le sida menacée par un changement politique de la ville… Lutte contre le sida largement évoquée avec l’explication de la série Candy stacks de Felix González-Torres.
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Avec Candy stacks, Felix González-Torres propose l’installation d’une pile de bonbons, qui fait son poids cumulé à celui de son compagnon Ross Laycock « Wati », décédé du VIH. Le visiteur est invité à se servir dans la pile, symbolisant à la fois l’épidémie, la disparition de l’œuvre, de son compagnon et de l’artiste lui-même.

 

Ces recherches ont en tout cas le mérite de renouveler les approches, de repolitiser la grille de lecture des œuvres. C’est dans cette direction qu’il anime avec d’autres l’ARQ (Art et Représentation Queer). Une conférence riche en références et réflexions : la suite du programme est par ici.
NB : à l’heure où nous écrivons ses lignes, nous avons connaissance de la « polémique » qui pèse à l’encontre du collectif drag rennais Broadway french, ainsi que les inscriptions homophobes qui ont été inscrites sur le campus de l’université Rennes 2 dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 janvier. Nous exprimons toute notre solidarité envers les personnes concerné·es.

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