Jeudi 10 novembre, la date de Jazz à l’Ouest affiche complet : une programmation (ultra) réussie pour le Diapason et sûrement l’une des dates mémorables du festival avec le double plateau Chlorine Free suivi du Delvon Lamarr Organ Trio. Jouissance des pieds à la tête.
Pour le démarrage, la scène est bien remplie : les six musiciens de Chlorine Free occupent le terrain. De jeu, avec une belle section rythmique en fond associant batterie à un panel de percussions, un clavier, une basse, un flûtiste et un « bidouilleur central » qui manie aussi bien les variations que les interventions humoristiques. Chlorine Free c’est du funk (avec une bonne louche de tout un tas d’autres ingrédients electro ou flirtant avec le hip-hop), un funk libre, exigeant, avec une basse qui groove. Chlorine Free, et leur dernier album Minirose, ça déboîte, ça parle en flûte, ça grmfzfbdzinguewizzz dans les pieds, ça joue dans une complicité palpable et ça fait du bien partout par où ça passe.




Puis la scène se transforme pour accueillir le Delvon Lamarr Organ Trio. Et là. Et là. On s’attendait à prendre une claque, on en a pris huit (ou douze, on ne sait plus trop). Comment parler du Delvon Lamarr Organ Trio ? Alors comme son nom l’indique, il y a un orgue, hammond pour être plus précis, avec Delvon Lamarr derrière, et qui joue en chaussettes sur le pédalier. Au milieu, il y a une batterie avec un joueur aussi expressif quand il joue que lorsqu’il fait des grimaces. Enfin, il y a Jimmy James. Et ses guitares.



Parfois il se prend pour Jimi Hendrix avec, donc il les mange pour jouer avec les dents. Parfois il balance une sirène hurlante, ou nous laisse pendu à une seule note et on est scotché au plafond. Parfois il lance des grilles de rock connues « Seven Nations Army » des White Stripes ou « Come as you are » de Nirvana, et les deux autres suivent. Parfois le trio reprend « Move on up », ou joue ses propres titres comme « Aces » de leur dernier album I told you so. Souvent, le trio décolle dans une soul qui ferait fondre n’importe qui. Et surtout, le trio a inventé l’arrêt cardiaque inversé : plus le rythme ralentit, plus vous êtes sur une brèche avec une tension artérielle élevée, et là paf, c’est l’apoplexie musicale.




Et puis, enfin, il y a Delvon Lamarr, qui glisse sur son clavier, joue à répondre au guitariste, et qui balance sa tête en arrière, yeux fermés en souriant. Le trio maîtrise (en plus de quelques vannes) surtout une technicité qui leur permet des jeux rythmiques improbables et totalement jouissifs. Naviguant dans leur feel-good-soul-funk-rock-groove le Delvon Lamarr Organ Trio reviendra après un long rappel d’une salle surchauffée pour jouer leur premier enregistrement, « Concussion« . On a un peu perdu nos mots mais on a un seul mot d’ordre : ne ratez pas ces deux groupes sous aucun prétexte si vous avez l’occasion de les voir. Vous pourriez vous choper un truc de dingue dans le cœur et dans les pieds.
Merci au Diapason et au festival Jazz à l’Ouest pour cette programmation
Le festival continue jusqu’au 26 novembre !