Le Bruit des loups, l’appel de la forêt

Après un long report, Le Bruit des loups a enfin pu déployer ses branches sur la scène du TNB de Rennes du 22 juin au 1er juillet, en partenariat avec Ay-Roop. Un tableau enchanteur qui convoque l’enfance, la poésie et l’humour au cœur des sous-bois.

 

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Quelle place reste-t-il dans un monde peuplé d’écrans et d’informations continues pour l’imaginaire ? Que peut-on bien découvrir grâce à un simple ficus ? Et quel rapport entretenons-nous donc avec la forêt ? Dans son spectacle Le Bruit des loups, l’enchanteur Étienne Saglio vient jouer du balai magique pour nous embarquer dans une fantasmagorie forte en rires et en images. Une petite bestiole en avant scène vient ajouter son grain de sel, ou jouer les techniciens qui ne sont alors plus dans l’ombre, orchestrant en direct les changements de décor.

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Un homme est seul, il s’occupe de son ficus et veut en ramasser les feuilles : celles-ci réapparaissent toutes seules, se multiplient, et en quelques tours de passe passe, la scène devient un territoire à malices. Dans la salle, les enfants rient. Les adultes aussi. L’amorce est prête pour fasciner durant une heure, alternant tableaux à l’humour (parfois décalé) et pépites poétiques. Car, derrière le placard à balai, il y a une forêt. Une forêt peuplée d’un géant mystérieux, d’un cerf majestueux, d’une hermine taquine, de ululements nocturnes, d’orages menaçants, de tapis mouvants de feuilles mortes; et d’un loup. Nous n’en dirons pas beaucoup plus : il faut le voir pour savourer ses apparitions. Rapidement, Le Bruit des loups fascine, et notamment par le brouillage des pistes, où l’on distingue par moments l’effet factice, mais qui finit par instiller le doute : était-ce réel ? Le magicien Étienne Saglio, qui change de taille selon l’univers dans lequel il se trouve, brouille les codes, les remue, danse avec une liane de feuilles qui ne veut pas retourner dans son pot, mélange les cartes du sensible pour effacer peu à peu la frontière entre un intérieur de maison et la forêt. Entre l’âge adulte et l’enfance. Étienne Saglio reconstruit sur scène la cabane de son enfance, celle des jeux et des peurs, celle des moments simples qui redeviennent contemplation : une balançoire, un feu. En fond musical, une variation de thème qui rappelle celui de « Promenons-nous dans les bois »… pendant que le loup n’y est pas. Le loup est-il finalement la menace attendue ?

On se souviendra peut-être d’Étienne Saglio comme l’inventeur du balai mou ou du ficus rebelle. On se souviendra surtout d’Étienne Saglio et de son bruit des loups, qui se faufilent furtivement au fond d’une forêt mystérieuse. À cheval entre l’humour et le merveilleux, le poétique visuel et le tableau vivant, une heure d’enchantement qui insuffle son rêve. Une heure pour retrouver la forêt. Une heure pour respirer.

/ Le Bruit des loups – Avec Étienne Saglio ou Vasil Tasevski, Bastien Lambert ou Murielle Martinelli, Guillaume Delaunay, Émile, Boston – Musique : Madeleine Cazenave – Production : Monstres – Durée : 1h10 – Spectacle créé en 2019.

Ps : suite à un bouche à oreilles galopant, les billets sont partis comme des petits pains. Bienheureux seront cell·eux qui auront pu en profiter.

Ps² : nous souhaitons à nos lecteurs et lectrices de croiser prochainement un animal sauvage en forêt, il n’y a rien de plus magique, pas même un spectacle.

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