Médecin de nuit : polar pharmaceutique

Avec Médecin de nuit, le cinéaste Elie Wajeman signe un polar aussi ténébreux qu’inspiré, avec la performance magistrale de Vincent Macaigne. Une nuit pour se sortir d’un enlisement, entre lots de médocs et pataugeoire sentimentale.

Jambes douloureuses dans tel arrondissement, ordonnance délivrée en vitesse dans sa voiture pour dépanner un patient toxicomane, aller chercher les enfants à l’école et repartir en tournée : Mikaël (Vincent Macaigne) est médecin de nuit à Paris et ce n’est pas une mince affaire. Tiraillé entre sa femme Sasha et Sophia, la compagne de son cousin Dimitri avec qui le toubib s’est lancé dans le business du Subutex, Mikaël aura besoin de quelques boissons énergisantes pour affronter tout ça.

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S’embrasser parmi les boites de Doliprane risque d’égarer encore plus nos protagonistes.

Mikaël aura en effet une nuit pour tenter de se sortir du tas de ronces dans lequel il s’est fourré (et dans lequel son cousin Dimitri est déjà bien empêtré) ; une temporalité qui place Paris, de nuit, presque comme un personnage à part entière. Une toile de fond nocturne qui, de pair avec une musique efficace, instille une ambiance de polar, sur un fond socialement réaliste (en l’occurrence le problème des toxicomanes et la revente de certains produits au marché noir, voire à l’étranger : la sécurité sociale des cartes vitales récoltées paiera). Pourtant, tout du long, Mikäel s’astreint à vouloir changer de cap, naviguant sans sourciller toute la nuit de chevets en chevets dans une solitude mélancolique.

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Mikaël et son cousin Dimitri (Pio Marmai) ne sont pas vraiment d’accord sur la marche à suivre, notamment concernant le Fentanyl, un analgésique opioïde particulièrement dangereux.

Avec des personnages sensibles comme la petite Nadège qui frôle l’overdose, une mise en scène à la hauteur du propos et bien souvent pesante, Médecin de nuit place quelques uppercuts là où ça fait mal. Et ça fonctionne, notamment grâce au jeu habité de Vincent Macaigne, habitué en temps normal au rôle de loser romantique, tour à tout aussi déterminé qu’impuissant. Contradictions en tête donc, qui peuvent parfois faire flancher le scénario (et notamment ses méandres amoureux) ; il en reste un film noir, au goût âpre, qui ne part pas rapidement après la séance.

Médecin de nuit – Un film d’Elie Wijeman avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Sarah Le Picard, Pio Marmai… 1 h 22 – Sorti le 16 juin 2021

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