C’est lui le chef d’orchestre de la Direction rennaise des approximations glamour (Drag) : David Perrot, figure théâtrale, dirige la troupe que nous avons dévoilée au fur et à mesure. Œuvrant à la mise en scène, il joue également l’un de ses personnages phares : Nathalo Apéro. Entretien avec un homme-femme à lunettes.
Photographies : Jules Thouvenin // Karedwen // Nialys Oir
■ Peut-on connaître l’histoire de la Drag, et l’explication de son nom ?
Le nom est parti de vouloir faire un jeu de mot avec la Drac [ndlr : Direction régionale des affaire culturelles] ! « Direction » (autoproclamée), « rennaise » puisque nous sommes à Rennes, « approximations » (parce qu’il y a des choses qu’on ne sait pas, vous avez vu la répétition ?) et « glamour » parce qu’il y a des paillettes !
Ça fait 4 ou 5 ans qu’on est dessus ; dans la poursuite de la Nuit des arts où j’invitais des artistes, j’ai ensuite monté des cartes blanches dans les bistros. Après on a monté un format plus cabaret. Il a tourné dans plusieurs bars, et est arrivé un moment où il a fallu avoir plus de place sur scène, ainsi que pour le public. Plus ça avançait, plus ça remplissait.
« Je suis “maman cabaret” en quelque sorte ! »
■ Comment s’est constituée l’équipe actuelle, est-ce qu’elle est susceptible d’évoluer ?
Au fur et à mesure ; il y a des gens qui en sont aujourd’hui partis, puis d’autres sont arrivés. Greg m’a parlé de Vincent, qui remontait son spectacle La Loge pendant que je montais le mien Bienvenue au cabaret. Melvin je le connais depuis un moment donc je lui ai proposé de participer l’été dernier, pour avoir quelque chose de pluriel. J’aime bien l’idée des univers où ça te viendrait pas à l’esprit de les assembler ! Cédric lui faisait des choses avec Dragopole, et il est arrivé suite à une réunion de création. Pour le moment on est déjà à 2 h et des briques de spectacle donc pour l’instant c’est compliqué ! Là, la forme cabaret est arrêtée mais le changement arrivera sûrement.
■ Pour ce spectacle en particulier tu occupes plusieurs postes… quelles sont tes missions ?
Faut gérer l’équipe déjà ! J’écris pour mes propres textes, je fais de la mise en scène, de la scénographie, de la prod… Je tiens le fil sur l’ensemble du spectacle, je suis « maman cabaret » en quelque sorte ! J’aime bien écrire, organiser des choses, c’est un microcosme où je me sens en famille avec ce projet-là.
■ On a vu en répétition que chacun gardait la main sur ses propres parties ?
Oui ! La DRAG c’est un groupement, une entité, un collectif. Chaque personne y a son identité propre, chacun amène son numéro. Au début on se donnait des thèmes, on faisait des parodies comme le festival Mycose ou Les Tombés du lit pour faire « tout ce que vous avez loupé en 2020 ». Puis finalement on a un peu laissé tomber, on avait envie de ramener à nouveau la question du Covid sur scène. Donc chacun est resté libre… même si je garde un œil critique dessus ! Les autres aussi, il est important que chacun regarde les numéros de chacun·e en répétition.
■ Comme tu disais il y a ce côté mille-feuilles de numéros ; ça fait beaucoup penser à quelque chose qui a totalement changé, le monde du cabaret façon années 60-70 ; est-ce que tu perçois que ça pourrait se redévelopper face à une société de plus en plus stricte, cet aspect burlesque ?
Il y a quelque chose de l’ordre du clownesque… c’est très cyclique. Ça disparaît jamais vraiment, puis à un moment ça revient. En tout cas c’est nécessaire, il faut réinvestir les places, les lieux ! C’est pour ça que je ne veux pas arrêter de faire du bar entre autres. Blanche Gardin dit que faire rire s’apparente à de la médecine d’urgence, je pense qu’elle a raison, surtout dans ce contexte. Il y a un besoin, et comme les bars de quartier qui parfois renaissent, j’y crois à ce truc-là. Le cabaret années 60 où ça picole, où le mec joue du piano (onomatopée *tagadagada*), où il y a un brouhaha mais les gens sont attentifs à ce qui se passe sur scène ; il y a plusieurs façons de vivre un spectacle.
■ Vous deviez jouer la première l’an dernier fin novembre… nous sommes toujours dans une période floue… comment ça se présente ? [ndlr : interview réalisée fin février... ça a changé depuis...]
Il y a une date de validée le 27 mars, avec une résidence à la Cité. Puis comment faire 2 h avec un public assis qui peut pas aller chercher un verre ? Là l’esprit cabaret on lui dit au revoir ! Et en terme de budget ça pose aussi question. On a adapté le spectacle pour qu’il soit fait en salle, mais aussi pour qu’il puisse tourner ailleurs ; à Rennes je peux jouer Nathalo Apéro mais pas à Lorient !
■ Justement partons sur la partie rennaise… depuis combien de temps Nathalo Apéro existe ?
Depuis le premier mandat de Nathalie Appéré en 2014. On avait fait les vœux avec Thomas Lallement ; je travaille avec lui sur l’écriture des spectacles, et un soir je me marre avec les mêmes lunettes rouges à faire une imitation, façon blague. Du coup on a commencé à écrire dessus, et j’ai continué. Ça fait rire les gens, ça parle de ce qui se passe dans la ville. J’aime beaucoup la politique, j’aime bien m’en saisir. Même si je ne ressemble pas à Nathalie Appéré quand je joue, la perruque fait le job !
■ Quel serait ton dernier coup de cœur culturel ?
Barbara Rivage ! Quel peps, ça m’a fait revivre ! J’adorerais les faire venir dans le cabaret !