Alors que les lieux de transit comme les gares poursuivent leurs efforts d’expositions, la photographie continue de se décliner dans le métro rennais. Ce mois-ci, c’est le travail de Julien Ermine sur le Burkina Faso qui est à l’honneur dans 3 stations jusqu’au 11 février.

Et ce n’est pas pour le dépaysement du voyage ; en mars 2020, le photographe indépendant Julien Ermine part au Burkina Faso*, théâtre de tensions djihadistes depuis 2015. L’armée du pays, dirigé par Roch Marc Christian Kaboré, réélu en novembre 2020, peine aujourd’hui à repousser les attaques, qu’il s’agisse de celles de l’État islamique ou d’Al Qaïda. En 2020, ce sont un million de personnes déplacées autour de la ville de Kaya au Centre-Nord du pays ; attentats, exactions, population poussée à l’exode, c’est sur ce terrain que s’embarque Julien Ermine pour son reportage. En arrivant là-bas, il ne sait pas encore qu’il n’aura pas le droit de faire des images ; un accord vient d’être passé entre les trois pays (Mali, Niger, Burkina Faso) de la zone Sahel, interdisant la captation de photos et vidéos. Qu’importe, le photographe restera six jours (au lieu des 3 semaines prévues initialement) sans obtenir l’aval des autorités, et sans pouvoir finir son projet. Il s’agit donc de photos volées. Mais essentielles pour informer, et ne pas oublier ce qui se passe là-bas.

Car c’est une guerre qui se mène en silence tant le militantisme et le journalisme font face à une grande pression sur place. Un manque d’images donc, ici pallié par l’initiative du Club de la presse de Bretagne d’exposer ce reportage dans trois stations différentes : Pontchaillou, République et Henri-Fréville. Des images à voir jusqu’au 11 février entre deux rames et l’occasion de ralentir un peu votre trajet.

En savoir plus // Le site de Julien Ermine

* Littéralement « Pays des hommes intègres », pays dont la capitale est Ouagadougou. Un pays qui sera notamment dirigé par le révolutionnaire Thomas Sankara, sur lequel nous reviendrons dans un autre article très prochainement.