Jukebox #9

L’hiver est déjà là que nous sommes en retard sur nos disques de saison. Mais les feuilles mortes mettent parfois du temps à tomber. Sortez les guitares, les binious, les micros, branchez les amplis et les boîtes à rythmes pour vous réchauffer avec ce Jukebox numéro 9 !

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Yes basketball – Goodbye Basketball


 

Le basket, c’est définitivement terminé pour le rennais Pierre Marolleau (son projet solo Yes Basketball étant suite à une blessure immobilisante). Mais Goodbye Basketball ne s’apitoie pas sur son sort. En cette année 2020 particulièrement pourrie (n’ayons pas peur des mots), cet album insuffle un souffle nécessaire. Comme les rebonds du premier titre « New shit 1″, le flow énergique de « Jokes jokes », et l’ensemble des compositions qui mêlent une sorte de rock bancal teinté de hip-hop et d’expérimentations sonores. Mention spéciale au titre « To get old with her » qui arrive à passer d’une ambiance tatônnante à une véritable force déterminée.

11 titres – 13 novembre 2020 – Les disques normal


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Castor & pollux – Contrebandes


 

Mêlant thèmes, instruments et rythmes traditionnels bretons à leurs influences contemporaines, le groupe Castor & Pollux n’hésite pas à mêler des riffs aux sons du biniou. À faire épouser un rond de Saint-Vincent au groove afrobeat. Introduisant leurs titres par de brefs extraits sonores, sortes de signaux de voyage, les cinq musiciens affichent bien leurs intentions de faire éclater les frontières entre parquet de bal et dancefloor pour breaker, à l’image de « Loud beat ». Un néo trad pour revisiter, comme ils le disent eux-mêmes, la sono mondiale.

11 titres – 12 octobre 2020 – Vlad

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Chasseur – Crimson king


 

Après avoir disséminé au fil de l’année quelques titres ici ou là, les rennais de Chasseur sortaient enfin leur album complet Crimson King. Disque pétri dans la coldwave et les chansons des années 80, les ambiances sont à la lisière de l’obscurité. Avec parfois des touches de lumières, faites « de rouille et d’or », une danse un peu fanée avec « Les ruisseaux », Gaël Desbois s’aventure dans de nouvelles forêts musicales.  Qu’il s’agisse de titres presque mécaniques (« Du bleu », « Comme il vient »), la poésie se faufile parmi la froideur des notes. À écouter allongé sur le carrelage et le nez dans les feuillages.

11 titres – 23 octobre 2020

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Lo’jo – Transe de papier


 

Retrouver Lo’Jo, c’est esquisser un petit pas de danse au milieu d’un poème. S’offrir une tasse de mots et un petit sucre musical. Le groupe angevin revient « Pas pareil », pour délivrer douze nouvelles pépites, dont deux qui invitaient le batteur Tony Allen, décédé le 1er mai 2020. Douze pépites parmi lesquelles l’introduction de « Minuscule » et son texte :  » tout est minuscule qu’un rien me bouleverse ». Des voix et rythmes collectifs du « Bal la poussière » au piano de « Black bird », Transe de papier ne demande pas la permission de convier la poésie, malgré ses inquiétudes qui traversent « Permettez majesté ».

Yotanka – 4 décembre 2020


Stillness


Laetitia Sheriff – Stillness


 

Six ans après Pandemonium, Solace & Stars, Laetitia Sheriff revient avec Stillness. Et il démarre avec les accords qui sembleraient fêlés de « People rise up »; la mélancolie s’avance, d’une voix presque élastique qui fait claquer certains mots. L’heure d’écoute s’annonce vibrante. Et en effet les titres déroulent un rock impeccable, où les guitares, basse et batterie s’harmonisent avec les failles émotionnelles, comme avec la fragilité de « Pamper yourself ». Mais Laetitia Sheriff se bat, avec les riffs de « Stupid march » ou les accélérations d’ »Outside ». Un disque à propos duquel le magazine Persona écrit : « Un album plein de révolte et évidemment beaucoup d’amour ». Nous n’arriverons pas  à en dire mieux.

10 titres – 6 novembre 2020 – Yotanka

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Brazzier – Lignes futures


 

Vous aimez les ambiances nocturnes, les musiques électroniques mais aussi la poésie ? Le projet solo de Max Balquier ((Frigo, You, Vicious!) intitulé Brazzier devrait vous convenir. Avec ce premier opus intitulé Lignes futures, soit 8 titres en guise de chemins tortueux, l’artiste mêle nappes synthétiques et une poésie un peu vénéneuse que n’auriez pas renié Alain Bashung. De l’aspect sautillant du titre « Oublions, oublions » ou du dancefloor sombre de « Tambour battant », les ambiances pourraient correspondre à un trajet sur voie rapide, de nuit et phares éteints, avec pour seuls repères les lumières des lampadaires devenus stroboscopiques. « Ce soir encore j’écoute la pluie, j’écoute le vent, j’écoute la nuit, ce soir encore je ne dors pas » : ce disque n’est pas réservé qu’aux insomniaques.

8 titres – 10 novembre 2020

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Cécile Seraud - Shoden


 

C’est un premier album délicat que livre la pianiste Cécile Seraud. La comparaison avec Yann Tiersen se fera d’emblée; mais Céline Seraud sait tracer ses propres chemins d’écume à travers les touches blanches et noires. Y insuffler des vents du nord avec les influences de Sigur Ros ou Arvo Pärt. Faire sonner son propre « Baiser bleu », danser une « Petite valse perdue ». Des titres sans artifices et une mélancolie qui ne fait pas mal, un clavier qui se fait marée montante ou descendante, la houle dans les cordages, Shoden, à l’image du clip « Life » tourné à Groix, dévoile la beauté des choses.

23 octobre 2020

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Mina Sang – « À ceux qui viendront après nous »


 

Rage poétique et mots de feu, la voix de Mina Sang porte depuis le plateau des millevaches. Si elle se trouve dans cette sélection, c’est uniquement pour un clip sorti ce mois-ci. Avec des images des émeutes à Minneapolis et à Naples, la lutte contre la destruction de la forêt d’Hambach, la Zad de NDDL, Pas res nos arresta le film de et par l’Amassada, NOTAV et des Gilets jaunes sur les Champs Élysées. En plein dans le brasier actuel. Un titre qui reprend un extrait d’un poème de Bertold Brecht écrit en 1939 et préfigurant de sombres temps. Troisième volet d’un triptyque entamé en février, il annonce un futur album. Que nous attendons avec impatience.

eriksonproject


The Erikson project – Blue chase


 

C’est un projet un peu fou et long (16 titres) qu’a développé le rennais Pierre Bouilleau, compositeur au sein de la formation jazz HPPPRS. Mais oubliez cette dernière information. L’album Blue chase commence plutôt par une partie ambient, vaporeuse et planante qui va se promener sur le terrain du trip-hop, avec notamment la voix de Kat White. Le disque commence à basculer avec Shooter pour s’en aller vers une sorte d’électro pop, et continue d’ouvrir de petites boites à surprises jusqu’au final quasi « Albert ». Ambitieux et inventif, un projet à suivre donc.

16 titres – 30 octobre 2020

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Born Idiot - Full time bored


 

Besoin de légèreté en ces temps quelques peu plombants ? Bonne nouvelle : Born Idiot sort un nouvel album. Mais cette fois-ci comme l’indique son titre, c’est à plein temps qu’ils s’ennuient ! Et dans tout ce temps aussi disponible que confiné, il y a des rencontres désabusées, de petites mélodies à chantonner (« Blue is my color »), des ballades faussement langoureuses (« A coin for the jukebox »); et des teintes un peu plus sombres que dans leurs opus précédents, la vanille semble avoir fondu sur le cornet. Mais rassurez-vous, il leur reste des envols sucrés comme « Wet slippers ». Il est agréable de s’ennuyer avec Born idiot.

12 titres – 20 novembre 2020

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Lombre – La lumière du noir


 

Lombre, programmé lors des Bars en Trans 2018, sortait à la rentrée un EP au titre en oxymore, La lumière du noir. Une plume « parfois épaisse, parfois acide », et c’est l’écriture sur lui-même qui anime le premier titre. Lombre, l’ombre, comme un double paradoxal qui pousse à tenter les choses malgré tout, à affronter ses peurs. Et c’est dans une sorte de parlé-chanté qui fera parfois penser à Gaël Faye, que Lombre sort du silence tandis que « La ville dort encore ». Une écriture brute pour les amateurs de noir et de clair-obscur.

6 titres – 10 septembre 2020 – Ulysse Maison d’artistes

 

Et comme Jukebox aime bien la musique, un petit bonus vidéo avec Eighty, Louisett, Superjoy, Fiascø, Dominique A. Le tout clôturé par un live d’Emane saisi en direct le 14 novembre 2020.

 

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