Rencontre avec Julie Gayet et Mathieu Busson lors de la projection FilmmakErs

FilmmakErs est le troisième documentaire réalisé par Julie Gayet et Mathieu Busson, cette fois-ci sous forme d’interviews, en projection unique le mardi 3 mars 2020, au cinéma du TNB.

En un peu plus d’une heure, Julie Gayet et Mathieu Busson nous donnent un panorama de regards international sur le monde de la réalisation, et interrogent ce qui se passe chez des femmes cinéastes d’aujourd’hui.

FILMMAKERS

Lors de la rencontre, Mathieu Busson déclare que le cinéma n’est pas une théorie, mais un acte de création. Depuis sa naissance, le cinéma s’est construit dans une modernité très majoritairement masculine (et patriarcale). Un contre-exemple oublié et notable à la fin du  XIXᵉ siècle, avec la micro-fiction La Fée aux choux, ou La Naissance des enfants d’Alice Guy (1873-1968) , qui  se trouve être pionnière d’une réalisation cinématographique dans l’histoire du cinéma (juste après les frères Lumières)  et a réalisé en 1896  un conte apparenté au genre féérique, de 51 secondes.

FilmmakErs permet de constater, à travers les témoignages récoltés, que ces réalisatrices se sont construites différemment sur le plan professionnel. Certaines déjouent les codes (virils) des hommes ou d’autres s’affirment en tant que femme, comme un créateur genré non binaire, c’est-à-dire sans identité sexuelle genrée. La neutralité serait alors la posture idéale, affiliée aux idées humanistes. Nous pouvons noter, en terme d’avancées, que le premier film paritaire date de 1976, avec le film d’Agnès Varda intitulé L’une chante, l’autre pas. 

80 % des postes de femmes (au CNC) sont dans la coiffure et le maquillage

En partenariat avec Randstad France (groupe d’entreprises néerlandais dans le domaine de l’intérim et des services en ressources humaines), FilmmakErs interroge, tour à tour, une vingtaine de réalisatrices de nationalités africaines, asiatiques, indiennes, occidentales et orientales au sujet de leurs expériences professionnelles dans le cinéma. Pour elles, le syndrome de la légitimité et la difficulté de l’entreprenariat sont des difficultés communes et toujours actuelles. Ces dernières ont de plus petits budgets pour créer.

Cette libération des paroles de femmes, notamment grâce à Internet, permet de révéler les tabous et les rouages d’un vieux système masculin dans le domaine de la réalisation au cinéma. Des études sociologiques indiquent que dans l’audiovisuel, la femme trouve sa place et son heure d’écoute, encore aujourd’hui, sur les plages horaires du matin et tard dans la nuit. Julie Gayet prouve avec des statistiques sociologiques que le statut salarial  des femmes n’est pas encore équitable. À ce jour, on peut compter 27 % de réalisatrices à France Télévisions et 8 % dans le cinéma industriel. Tandis que 80 % des postes de femmes (au CNC) sont dans la coiffure et le maquillage. Ici,  c’est avec des quotas réels et objectifs que le revers de l’histoire se complète et se révèle; car ce qui fait la fonction première des yeux est de voir.

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