Monsieur Saï se fait un Sang d’encre

Là où Leos Carax se faisait à l’écran un Mauvais sang en 1986, le rappeur Monsieur Saï lui se fait un Sang d’encre en 2020. Un nouvel album, une autre esthétique sonore, une pochette fleurie. Et des mots pour apprendre à voler.

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La rose en couverture, c’est pour le côté soyeux,  mais aussi pour les épines. Car malgré un travail musical ouaté plus orienté electro et fourni par le producteur Mr Connard, la plume de Mr Saï n’est pas pour autant moins corrosive. Car on retrouve dans ce sang épais des thèmes chers à l’auteur : la sale tête du patriotisme sur « Juste né là », ou l’ambiance environnante et plombante. Pour preuve avec cette question pertinente « Et tu crois qu’on sera où quand la bombe tombera », qui contient notamment une bonne blague sans chute, et un clip à grand renforts d’effets spéciaux.

 

Monsieur Saï n’est donc pas là pour se marrer, normal vu qu’il a rencontré « Le mangeur de joie », celui qui t’explique que le mal est partout. Pas de quoi « s’ambiancer » même si le son est langoureux sur « Valetudo »; la différence principale avec La guerre ne fait continuer, c’est l’absence de noise. Ici pas de guitares et de saxophone saturés, mais des titres plus lents, des ambiances qui associent beat lourd et sons plus aériens comme sur « Là où les monstres s’affrontent » (avec N3O), les monstres qui se voient « dans les grandes jambes des adultes ». Une interrogation sur le rapport enfance/âge adulte réinterrogé sur « On attendait que la vie commence » en featuring avec La Main Gauche. Et l’enfance ressurgit de nouveau sur « Le chemin de retour », qui évoque en vrac un chemin ivre, sa fille, Sepulveda, une mouette et un chat.

« Précision d’expert pour éviter les cassures, si j’voulais poser mon couplet de 56 mesures,

ou 57, bref un truc trop long mais reste encore s’te plait, j’ai un second couplet »

Les références sont émaillées ici et là, de l’anarchiste Élisée Reclus aux années 90 en mode « Rappatitude » (et le petit sample ralenti qui va bien) jusqu’au clin d’œil à Brassens pour le titre final « Supplique pour être enterré un jour de pluie » en compagnie du guitariste rennais Malaad Roy. Un titre final qui mêle voix chorales, mélodie qui berce, avec l’envie de « trouver le repos » et dire d’une autre manière que demain c’est loin. 10 titres avec du sang en guise d’encre, et, quelque part quand même, dans le bas-côté et le fouillis de ce qui pique, le parfum d’une rose.

Écoutez et téléchargez comme vous voulez Sang d’encre

Sang d’encre – Un album de 10 titres signé Monsieur Saï – Sorti le 10 janvier 2020 – « La diffusion publique, le partage, le prêt et le piratage de cette œuvre son conseillés et encouragés – Gros bisous »

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