Les Enlaidies #1 : musiques alternatives

Nouveau venu dans le paysage musical rennais, Les Enlaidies, c’est un mini-fest « atypique » qui aura lieu samedi 15 juin « de 14h à tard ». Rencontre avec 3 des membres de son organisation : Justine, Clémentine et Gwladys.

 

De gauche à droite, Clémentine, Justine, Ursula (la représente officielle du dernier membre alors absente : Iona) et Gwladys

De gauche à droite, Clémentine, Justine, Ursula (la représentante officielle du dernier membre alors absente : Iona) et Gwladys.

D’où vous est venue l’initiative de ce mini-fest ?

Gwladys : Je pense, d’un positionnement de base qui nous est commun vis-à-vis de ce médium-là, la musique. En tant que spectatrice et activiste, artiste, sur des terrains non normés et plutôt rugueux. On voulait fédérer sur cet événement des actrices et acteurs qu’on soutient.
Justine : En fait, où l’esthétique, le propos et la démarche nous ressemblent.
Gwladys : Plein de présupposés esthétiques nous lient toutes les 4 en tant qu’artistes, organisatrices et spectatrices. On voulait marquer d’un événement qui nous était miroir de chacune et de ce qu’on aimerait voir plus dans le paysage. Il semblait qu’il y avait un terreau manquant.
Justine : On est aussi parties du constat que dans ces milieux-là, qui se disent underground, où on est censé avoir une ouverture d’esprit et de tout, les femmes sont sous-représentées, que ce soit dans l’orga ou en tant que musiciennes. On a chacune sa musique un peu phare, moi je suis très rock et très métal. Même s’il y a des femmes dans le métal, on peine à les voir sans être des objets sexuels, où des femmes qui se sexualisent ou sensualisent. Il y en a, mais peu. On voulait montrer que dans des esthétiques un plus vénères, c’est possible d’être une femme et c’est cool ! Pas besoin de toujours se sexualiser.
Clémentine : D’ailleurs, le nom « Les Enlaidies » est lui-même une réponse à cette permanente injonction à la féminité, et il est venu comme une évidence. Le féminisme est une suggestion. Avant tout, c’est un festival de musique.

« On vient peut-être juste compléter le paysage alternatif »

Vous avez toutes fait ce constat à partir de vos expériences professionnelles ?

Clémentine : Oui, je suis musicienne et enseigne la musique. Justine organise des concerts et Gwladys est une musicienne autodidacte. On a constaté ce problème de visibilité, même si les femmes sont là, elles ne sont pas pour autant programmées.
Gwladys : En tant que spectatrice aussi, la question de la mixité se pose souvent, et nous souhaitons en proposant une programmation éclectique rendre l’événement accessible à tous.

Comment ça vous fait de vous positionner avec une première édition en sachant qu’il y a aussi ce passé musical alternatif rennais déjà bien ancré ?

Justine : On découle de ce milieu-là en fait. On s’est rencontrées sur ces lieux.
Clémentine : Avec les Enlaidies, on est pas du tout en opposition mais au contraire, on vient peut-être juste compléter le paysage alternatif rennais. Je pense qu’on pourrait se définir comme ça, avec une proposition spécifique.

enlaidies-festival

Hormis les concerts, quelles seront les activités prévues lors du festival ?

Clémentine :  Il y aura une table ronde modérée par Alice, des « Impudentes ». Son travail universitaire s’intéresse aux trajectoires professionnelles et artistiques sous le prisme du genre. Quelques artistes programmées seront là comme intervenantes pour justement s’intéresser aux problématiques de discrimination de genre mais aussi la spécificité des musiques disons plus expérimentales. Ce sera un moment d’échange, de partage d’expérience sur toutes les questions qu’on se pose en fait !  En fin d’après-midi et ouvert à tous les festivaliers.
Et aussi, il y aura la caravane des « Impudentes ». C’est un collectif de Rennaises qui ont monté une caravane-bibliothèque, un lieu d’échange et d’écoute autour de différentes questions féministes. Elles font toutes une travail de prévention sur le harcèlement en milieu festif.

« La dimension live est hyper importante. »

Et pour finir, qu’est-ce que vous conseilleriez à un public novice justement de ce type de musique et quel est votre dernier coup de cœur ?

Gwladys : Je conseillerais Bungalow Depression qui est un format mélancolique, expé’ avec à la fois une personne qui était avant dans un groupe de stoner uniquement féminin et qui est sur une pratique du violon classique avec un batteur et un bassiste. De mon côté, je vais écouter Interpol en post-punk.
Justine : Il est vrai que Bungalow Depression, c’est vraiment une musique qui est d’une beauté particulière. Après Boom, parce que c’est le truc un peu rigolo, légèrement connoté métal mais pas vraiment… En coup de cœur, Murmuüre, du black métal ambiant qui va vers le psyché, la transe. Ça me rend folle ce groupe ! Et Lingua Ignota, car c’est une femme et qu’elle a totalement sa place ici. Elle, pour le coup c’est violent, sensible, elle donne tout. T’as envie de pleurer et de tuer des gens en même temps.
Clémentine : Pour moi, c’est difficile car justement la musique expérimentale, j’ai beaucoup de mal à l’écouter chez moi. C’est un truc qui est de l’ordre du spectacle vivant. La dimension live est hyper importante. Et je crois que je suis rentrée dans cette musique justement en voyant des concerts. Au-delà même d’écouter, il faut être là. Quant au coup de cœur, Oranssi Pazuzu, un groupe de black métal finlandais dont je ne peux plus me passer depuis que je les ai découverts il y a deux ans.

Vous pouvez retrouvez toutes les informations sur le festival ici.

 

Envie de réagir ?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>