Monrovia, Indiana, de Frederick Wiseman : Le pitch parle d’un bled où 76 % des électeurs ont voté Trump. Pour en savoir plus sur cette face obscure de la population américaine, je me suis donc rendu, non pas sur place (les budgets défraiements de L’Imprimerie Nocturne ne permettent pas encore de se coltiner à ce genre de pérégrinations), mais au TNB.

Plans sur les champs de maïs qu’on voit mûrir, ou sur des rues de la ville plutôt très calmes, séquences au sein du conseil municipal (qui s’inquiète de l’implantation d’un lotissement de 151 nouvelles maisons) ; chez la vétérinaire qui ampute la queue d’un boxer anesthésié ; chez la tatoueuse ; chez l’armurier bien achalandé ; au bar du coin où déblatèrent des anciens ; chez les francs-maçons en costumes d’apparat qui médaillent l’un des leurs pour ses 50 ans passés dans leur loge ; au Lions Clubs (qui cogite sur le financement d’un banc neuf devant la bibliothèque municipale) ; au salon de coiffure (les hippies ne courent pas les rues de Monrovia)… Harley Davidson ronronnantes, pick-up, camions énormes transportant du maïs ou des cochons qui partent pour l’abattoir, moissonneuse John Deere vendue aux enchères, mariage à l’église, enterrement d’une notable… Ce documentaire montre ainsi une Amérique rurale, blanche*, organisée en clubs, comtés, comités, classes, groupes, pieuse, en surpoids, concentrée sur la Bible, le drapeau étoilé, le travail, la famille et la consommation facile.