Jazz à l’étage : Elementia de Michaël Vigneron

Chaque année dans le cadre de Jazz à l’étage, une carte blanche est proposée à un jeune musicien. Cette année pour les 10 ans du festival, c’est le pianiste Michaël Vigneron qui à l’honneur de cette place. Portrait.

 

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Peux-tu résumer ton parcours de pianiste jusqu’à ton arrivée à l’école Lockwood ?

Quand j’étais petit mes parents m’ont acheté un petit clavier électronique, un Casio je crois bien, puis un arrangeur psr 1000 de Yamaha. Je m’amusais déjà à composer mes propres morceaux sans vraiment savoir ce que je faisais. J’en ai réécouté certains venant d’une vieille disquette à l’ancienne, c’est plutôt amusant. Sinon j’ai commencé a prendre des cours de piano classique vers l’âge de 7 ans, en Belgique, dans une académie de musique. Puis avec ma famille nous avons déménagé dans le Sud de la France, à Latour-de-France, un petit village viticole à trente minutes de Perpignan. Et lorsque je suis entré au conservatoire tout est allé assez vite. J’aimais vraiment ça, j’ai suivi un long parcours classique en sautant un peu les étapes. J’allais assez vite. En 2004 j’y ai obtenu un DEM de piano classique avec Marie-Christine Guichot, ma prof à l’époque, et j’ai intégré la masterclass de Denis Pascal, un pianiste vraiment exceptionnel qui enseigne aujourd’hui au CNSM de Paris. Ensuite j’ai fais une longue pause de 3 ans en Bourgogne, pour des études d’administration économique et sociale. Ne me demande pas pourquoi, mais c’est une étape de ma vie assez planante et pleine d’expériences… j’ai appris à vivre. Puis j’ai intégré le Pôle supérieur de musique de Bourgogne dans la classe de Thierry Rosbach, un autre de mes mentors, à qui je n’ai pas vraiment fait de cadeau car je ne bossais pas vraiment. J’étais encore très…. paumé. Et puis j’étais déjà tombé dans une autre marmite. En particulier le rock, l’electro, la pop… J’ai pas mal expérimenté et j’avais beaucoup de retard à rattraper. Ensuite j’ai rencontré ma chérie, Loyse, à Dijon, et je l’ai suivi en Bretagne. Là-bas mon jeu de piano et mon langage musical avaient déjà beaucoup changé. J’improvisais beaucoup, le classique était toujours là mais je voulais plus. J’ai alors rencontré Pascal Salmon, mon premier prof de piano jazz. Et là, coup de foudre pour cette musique, c’est en grande partie grâce à lui.

« Je n’ai plus vraiment de barrières ni de limites »

Avec le jazz j’ai pu y mettre toutes mes influences, découvrir des couleurs sonores que je n’avais jamais encore entendues, swinguer, jammer avec d’autres musiciens sur des standards, du funk, du hip-hop, du groove… Depuis, j’aime dire que je fais juste de la « musique », je n’ai plus vraiment de barrières ni de limites. Tout est possible, tout se croise et s’entrecroise, c’est très dur à canaliser mais c’est génial. J’ai ensuite monté mon trio White From Black et j’ai passé mon DEM de jazz à Rennes en 2017. Enfin je suis entré au Centre des musiques Didier Lockwood avec Benoît Sourisse et André Charlier, à qui je dois aussi beaucoup dans ma progression et mon approche de la musique. Aujourd’hui je joue dans pas mal de projets, assez divers, mais assez jazz quand même. J’écris beaucoup de musique. Avec mon trio et mon nouveau 4tet et le projet Elementia j’entre dans une nouvelle dimension, à suivre… Deux albums arriveront cette année !

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Dans le cadre du festival Jazz à l’étage tu présentes Elementia ; peux-tu nous présenter ce projet musical ?

Ce projet en quartet m’a été commandé par le festival Jazz à l’étage dans le cadre du programme freshsound, dont je suis le lauréat 2019. C’est une chance énorme de se voir attribuer autant de confiance et de liberté de la part d’un festival. On m’a ainsi donné carte blanche. Alors qu’est-ce qu’Elementia ? Au départ je me suis mis à réfléchir sur l’art et la musique, mon expérience en tant que personne et en tant que musicien, bref un tas de choses… et ce que tout cela m’inspire. Pourquoi ? Car je voulais que ce projet me ressemble vraiment. Et à mes côtés il y a Noé Moureaux-Néry au saxophone ténor, Grégoire Oboldouieff à la contrebasse et André Charlier à la batterie.

■ Pour chaque projet tu es le compositeur des morceaux ;  que représente la musique pour toi ?

L’art permet quelque chose de formidable. C’est un pont entre le réel et l’imaginaire, qu’on entretient tous dès l’enfance. La musique véhicule cet imaginaire par le son, alliant mélodie, rythme et harmonie, comme un tout homogène.Elle me souffle un tas d’histoires, me permet d’exprimer des choses que les mots de pourraient pas aussi bien exprimer. C’est un peu ma deuxième langue.

« Revenir à l’essentiel »

Alors Elementia, que veut dire ce nom dans ta langue musicale ?

Comme tout artiste, le monde m’intrigue, sa complexité m’inspire, m’émerveille , me fascine… Et il me remplit parfois de tristesse et d’incompréhension au regard de ce qu’on en fait, de la façon dont on le sur-exploite. Ainsi, sans trop me poser de questions, j’ai voulu lui rendre hommage en lui dédiant ce projet, Elementia. C’est un hommage au monde et à l’univers. Pour cela j’ai choisi de rejoindre le parti des poètes et philosophes, qui ont cherché pendant des siècles à expliquer le monde à travers les 4 éléments, l’eau, la terre, l’air et le feu. Cette théorie, purement métaphysique, jonglant entre réel et imaginaire, était pour moi une source illimitée d’inspiration. Elementia est une expérience musicale à vivre d’un bout à l’autre, un instant de médiation où on oublie tout pour revenir à l’essentiel. Un simple hommage au monde, primordial et élémentaire, en ce qu’il m’ inspire dans ma propre existence.

Elementia, jeudi 7 mars à 18h30 dans le cadre de Jazz à l’Étage

Le site du festival

 

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