Ils jouaient à L’Étage le jeudi 6 décembre pour les Transmusicales en après-midi. Des horaires appropriés à la découverte musicale puisqu’ils sont gratuits, ouverts à tous et rassemblent, entre autres, les jeunes talents émergents locaux. Ces groupes régionaux ont généralement bénéficié de l’accompagnement mis en place par l’ATM. Nous avions repéré The Blind Suns lors de la soirée de lancement de la tournée des Trans à l’Ubu une dizaine de jours avant le début du festival. Rencontre avec Dorota et Romain, deux des membres du trio.

Le nom tout d’abord ? The Blind Suns qui pourrait se traduire par « Les soleils aveugles », vous pouvez nous expliquer ?

Dorota : Oui littéralement, c’est bien ça, les soleils aveugles. Nous sommes conscients que cette association de mots n’a pas vraiment de sens. Mais nous avons plutôt choisi ce nom de groupe pour représenter l’image d’un soleil qui se lève et voilé par la brume matinale et c’est ce qu’on voit souvent lorsque l’on est sur la route en tournée tôt le matin. C’est une image qu’on a voulue pour illustrer notre musique qui se veut mélancolique, un peu planante mais aussi ensoleillée.

Si on plaçait The blind Suns dans une sorte de forme géométrique, quels seraient les univers musicaux qui en formeraient les contours ?

Romain : Je pense qu’on évoquerait la surf music et la musique psychédélique des années 60, le mouvement Shoe Gaze de Manchester des années 90 puis un côté planant comme la dream pop anglaise.

Vous nous arrivez de la région d’Angers et êtes suivis à l’origine par la Scène de musiques actuelles du Chabada c’est bien ça ?

Romain : Oui effectivement au départ, c’est bien le Chabada à Angers qui a soutenu le groupe. Aujourd’hui on commence un nouveau dispositif d’accompagnement avec Le Trempolino à Nantes qui souhaite développer notre projet artistique sur 2019.

Dorota : En ce qui me concerne, je suis polonaise d’origine et il est vrai qu’on a du mal à se revendiquer véritablement du terroir d’Angers. D’autant plus que nous envisageons davantage notre carrière à l’international. L’export, les voyages sont dans notre objectif initial.

La scène angevine était très prolixe dans les années 90 avec notamment les Thugs, les Drift, la Ruda Salska, le label Black et Noir… Elle était même sans doute plus identifiée comme ville rock que sa voisine Nantes. Et si on parlait de renouveau et d’héritage de cette mouvance-là ?

Romain : Tout comme Dorota, je ne suis pas originaire d’Angers. Mais toute l’histoire que tu évoques, on l’a apprise à notre arrivée et lors de la découverte de la ville. On est arrivés à un moment assez creux dans la dynamique musicale de la ville et on a eu du mal à s’y reconnaître au départ. Mais effectivement, on sent qu’il y a un truc avec le Chabada et cette grande histoire du rock des années 90 dans la ville. Mais pour être honnête, nous n’y avons sans doute pas été suffisamment sensibilisés.

Sur scène The Blind Suns est un trio, Romain et Dorota vous êtes à la guitare puis Jérémy à la batterie qui envoie quelques nappes électro parfois ?

Romain : Oui c’est bien ça, un bon résumé. En fait au départ c’était un projet studio et duo donc on était que tous les deux, Dorota et moi. Afin d’étoffer le propos sur scène, on a recruté notre batteur Jérémy. Pour l’instant et pour des raisons de démarrage du projet, c’est effectivement un trio mais ce n’est pas forcément fermé sur cette structure live uniquement. On a expérimenté quelques concerts avec la présence d’un bassiste et on en était vraiment satisfait. Je pense que le groupe actuel connaîtra quelques modifications en 2019.

« le public est jusqu’ici très réceptif »

Autour du Liberté et dans les bars, on a vu que le visuel promo de votre affiche était une simple énumération de dates de concerts assez impressionnante depuis deux mois (Asie, Europe, États-Unis…). Vous avez déjà pas mal voyagé avec ce groupe ?

Romain : Oui et dès le début ! En fait on a postulé sur un festival qui s’appelle South by South West à Austin au Texas (USA) et notre groupe a été retenu. Ça nous a ouvert énormément de portes car c’est un festival assez fédérateur. En plus on doit avouer qu’on était les préférés des programmateurs du festival, bien mis en avant par une bannière sur leur site web. Et c’est vrai que ça accélérer considérablement l’émergence de notre projet artistique, surtout à l’international. Oui pour toutes ces dates, le public est jusqu’ici très réceptif à ce que l’on fait. Il y a trois jours on était à Taïwan pour le festival Simple Life et on a passé un super moment, le public était chaud, c’était exceptionnel !

Et les Transmusicales de Rennes, vous connaissiez ? Un passage obligé pour vous ?

Romain : Oui bien sûr, c’est une étape primordiale. Cet événement est bien plus qu’un passage ou un festival. Ce qui est appréciable c’est qu’il n’y a pas de critères d’esthétique musicale et que tout ça est très ouvert. C’est une sorte de « label » qui restera important pour la continuité du groupe. On n’est pas programmé parce qu’on a un beau développement de carrière, du copinage ou bien une base fan importante. Ce festival élabore une vraie programmation sur l’aspect artistique de la musique. Aujourd’hui ce passage ici nous rassure d’avoir été sélectionnés. Ça apporte une plus grande crédibilité au groupe et c’est en cela que c’était important de le faire.

Dorota : Les années précédentes on était spectateur et il faut reconnaître que c’est sans doute l’un des plus grands festivals français de découvertes. Après ça on imagine une grande tournée derrière, des bonnes idées musicales. Les Transmusicales, c’est une belle exposition, une précieuse carte de visite.