LA REVUE DE SEIZE #19 [Spécial Rentrée]

« Dans la Revue ça part en live ! » Dans ce numéro 19 : des éléphants en trompe-l’œil, des signes Pi, de l’insolence et la nuit comme moteur. De Paris à Montréal en passant par Rennes et Le Mans, Jazzy Bazz, Koriass, Fast et Rezinsky ouvrent le bal pour cette nouvelle saison. Sans oublier Mac Miller en toile de fond pour garder « un instant d’éternité ». Le rap est étrange mais le rap est inspiré. Un numéro entamé par un vrai appétit de beatmaker ! So, make some noisettes ! Enjoy !


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« J’prends la routine et je te la fais groover »

[El Presidente] Jazzy Bazz 


ÇA VIENT DE SORTIR ///


  • REZINSKY – Mal Poli

rezinsky-mal-poliLes jolis mômes de Rezinsky reprennent du service. Mais quelle insolence ! ReZo et Pepso continuent l’aventure avec un titre d’album qui ferait pâlir Kery ! Mi-angevin, mi-rennais mais totalement démoniaque, le duo s’aventure dans les méandres de l’insubordination. As usual ? C’est avec la montée en puissance du célèbre « Benjiskhan » qu’on débute. Et ça rassurera la ménagère en casquette de moins de 50 ans ! Le titre éponyme arrive en numéro 2. Une constante dans cette revue (lire ci-dessous). C’est à travers les regards des autres que se nourrissent les textes de Pepso pour mieux jouer avec. Comme le chat avec sa proie. Dans cet album, ça cite à tout va : Steve Savidan, B.I.G, Benjamin Biolay, NTM et j’en passe. Liberté d’expression d’abord, « aucun agent ne m’empêchera de dire « nique ta mère »" impose le rappeur sous le sourire grandissant de son beatmaker chauve préféré. 3e chapitre, nouvelles prods et nouveaux thèmes, on retrouve néanmoins toujours la folie de ces gars du coin. Mal Poli est un album d’autant plus touchant qu’il me concerne directement : j’ai un « Chat noir », je passe des « Nuits blanches », j’suis « Vegan » et ai souvent été souvent comparé à un « Éléphant ». Dois-je comprendre un message ? Mon nombril me rattrape. C’est en tout cas dans la même lignée que les loosers de classe moy’ qu’on sillonne et fanfaronne à tue-tête. Peu importe si on doit « courir les couilles à l’air sous la neige », on comprend que Rezinsky fera ce qu’il lui plaît sans aucun scrupule. Avec le morceau « 213″ à mettre en mode repeat pour comprendre ta douleur mamen, il est grand temps de se lâcher ! Alors zut, « jamais on s’excusera de ne pas être pareils ». Et c’est tant mieux ma gueugueule ! Diamant mal poli !

  • FAST – Réfléchis

fast-reflechisUn rappeur manceau s’invite au bal masqué ! Ohé ohé ! Son nom ? Fast ! And furious ? Blague facile et répétée certainement à longueur de temps mais l’heure est maintenant au topo. Après Flashback, son premier EP, Fast s’offre un album lourd de sens : Réfléchis. Tutoiement ou « jejoiement » ? La barre est haute, encore faut-il avoir une bonne perche audio pour braver l’obstacle. C’est en tout cas dans les bras de « Morphée » qu’on découvre les seize du rappeur. Une bonne mise en bière, avec une prod qui a ce petit quelque chose de spécial (n’est pas Népal qui veut). Il est rare de souligner que des rappeurs « se battent avec une plume » mais Fast joue sur les double ou triple sens des mots comme sur l’excellent « Jeux denses ». Maniant le sarcasme avec quelques punchlines envoyées de temps en temps dans la face comme par exemple : « pas besoin de la Sncf pour savoir que t’es retardé », c’est néanmoins le plus « populaire » « Briller » qui emporte la palme. Ambiance de trappiste, Fast s’explique : « j’oublie rapidement, c’est ptêt pour ça qu’on m’appelle Fast ». Bien qu’il y ait des bons titres, la répétition du schéma de la trap traîne en longueur comme sur le titre éponyme. C’est à cet instant que s’offrent des prods décalées comme « L’odyssée » avec Just. Le très beau « M’échapper » s’interpose logiquement avant « On finira » en bonne conclusion. Talent à polir mais talent quand même ! « Quand l’homme lit, le papier réfléchit » dit-on. Il suffisait de le rapper. Fast l’a fait ! Pull up pull up !

  • KORIASS – La Nuit des longs couteaux

koriass-p-410x410Un cinquième album pour Kory et une cure de jouvence pour le « rap Keb » ? Après l’exceptionnel « Love suprême » encore trop bon à écouter, le rappeur québécois nous empiffre de nouvelles friandises. Après l’amour, vient le « hate ». La Nuit des longs couteaux, référence à un événement politique marquant l’histoire du Québec et plus globalement connu sous la période nazi, est un crachoir empli d’humilité. Premier constat : changement de style. Pas dans la voice mais dans l’habillage musicale. Un effeuillage mérité s’annonce. Un premier ceau-mor en hommage à l’aile psychiatrique dans laquelle a été interné Koriass avec « J-3000″. Raison peut-être pour laquelle il avait stoppé sa tournée il y a peu. On vous laissera creuser, mais il faudra attendre pour sa tombe. Son rapport à la « fame » avec « Cinq à sept« , la place que prend un « Éléphant » dans sa pièce ou « Alerte Amber » qui est l’alerte donnée pour les disparitions d’enfants là-bas, de nombreux aspects de sa life sont livrés. On retrouve de très bonnes recettes et de bonnes formules. Introspectif comme toujours, Manu semble se foutre un peu à poil à chaque fois. Kyan appréciera l’ultime bafouille : « Bref » représente la remise en question par excellence et par la même occaz’, la compréhension de nos vices. « J’ai trop essayé d’être cool pour des foutus likes » regrette Kory. Gardez les couteaux au sec et sortez les mouchoirs. Un bel instant d’éternité, one again ! One more time !

  • JAZZY BAZZ - Nuit

jazzy-bazz-nuitLa nuit attire autant qu’elle effraie. La thématique inspire énormément les rappeurs à l’aube de ce 21e siècle : Rocé est en colloc sur la Lune avec Pierrot, Arm en fait un clip et Nepal une série chronologique et Koriass… vous connaissez déjà. Quant à Jazzy ? Il a plutôt choisi d’en faire son deuxième album. Après l’excellent P-Town, Jazzy Bazz poursuit sa route sur le 3.14 (matez le film π pour comprendre la réf’) et investit la noirceur des rues parisiennes. C’est empli d’inspi, de spleen, de spliff, de sensualité et d’érotisme que Jazzy enrobe nos écouteurs. Avec des notes plus en douceur, ses ambiances, des refrains au féminin et sa manière de poser, Nuit se démarque nettement de son prédécesseur. Après le « Crépuscule » comme introduction, c’est sur « El Presidente » qu’on se rassure des valeurs véhiculées par J.B. Un clip de démon, des phrases-choc et une prod qui sort du hood, le rappeur du 19e est lancé ! Un clip qui dure 3 minutes 14 (forcément)… S’ensuit une logique implacable avec une nette rupture avec ses codes d’antan. D’abord avec « Éternité », aidé par le phrasé génial de Nekfeu, puis par une tempête et de l’air frais lors d’un aller-retour « Buenos Aires-Paris » scindé en deux parties. On continue avec des touches d’amour impossible pour une nuit avec « Leticia » ou le presque a capella parfait de « Parfum ». Jazzy révèle une face qui ne se révèle que lorsque le noir envahit son espace. Faisant part se son stress lié à sa nouvelle notoriété, on ne peut que rappeler que « c’est à l’ombre du show-business que le soleil s’est levé ». À force de travailler sur la longueur, nos nuits vont être courtes ! Moi, ça me va !


« Je suis pas dans vos médias

Entre midi et deux 

Ni dans vos combines

Je suis sur scène et pas sur Konbini »

[213] Rezinsky


LES AUTRES ALBUMS [EN UN CLIP] ///


Django – Tue-moi, mon amour, s’il te plait / Disiz la Peste – DISIZILLA / LuXe – leXington / Yzla – La Grande Ourse / Vald – NQNT33 (Mixtape)Changerz - Identiques (EP) / Nelick – Qui peut sauver KiwiBunny ? / Josman - J.O.$



« J’ai rempli mon assiette en-dessous de la table
Laissé du sang sur mon couteau de chasse
Fermé les oreilles à vos conseils
La seule voix qui me guide, c’est Google Map »

[Éléphant] Koriass


ÇA VA SORTIR BIENTÔT ///


19.09 : MHD – 19
21.09 : Alpha Wann – Une main lave l’autre
              GLGV – Escxle
              Hornet La Frappe – Dans les yeux
              Rim’K – Mutant
              RK – Insolent
23.09 : Népal – KKSHISENSE8
25.09 : Majster – Les funérailles des tabous
28.09 : Columbine – Adieu bientôt
              Gros Mo – Les étoiles
              Koba LaD – VII
              Sadek – Johnny de Janeiro
              Sefyu – Yusef
              Youssoupha – Polaroïd Experience
05.10 : PLK – POLAK
              93 Empire – 93 Empire
12.10 : Odezenne – Au Baccara          
             Sniper – Sans transition
             Scylla – Pleine lune
19.10 : Oster Lapwass – Pense bête
26/10 : Flynt – Ça va bien s’passer


LE CLIP RENNAIS ///


Il est sur plusieurs projets en ce moment et bat le fer tant qu’il est show. Son nom ? Hugo Seguin aka Swaggy H. Après « Réel » avec Sawyer et Jeunejoueur ,  le plus ricain de Mordelles se met au service de BBXP pour un tournage effectué à Londres, avec le bon morceau qui va avec. Lancé, le bruit d’intro de la Playstation 1 risque de s’enchaîner en mode « repeat » assez rapidement. Ça change des interviews de Rezinsky n’est-ce pas ? N’hésitez pas à gouter à sa luxure. Big up l’artiste !

ÇA GROOVE SUR RENNES !


Au 1988 LIVE CLUB :

      • 20.09 : Live Hip Hop Session w/ Simba x Doc Brrown x Dj Looping

      • 21.09 : Grillz Acte 7

      • 22.09 : KEKRA 

      • 26.10 : Al’Tarba & INCH + Senbeï
      • 27.09 : Dj Hustler all Night Long

      • 29.09 : OldToTheNew HipHop Party #12 (X3-Tommy Isaac-La Fab’)

      • 17.11 : Necro x DJ Marrrtin

      • 23.11 : Evidence

À l’Ubu :

      •  06.11 : Baloji

Au 6par4 (Laval) :

      • 05.10 : JUMBLE#2 : MADBEN + CASEY + AZF + LABELLE + CERBÈRE ET MAKAWA

      • 23.11 : ISHA + LE 77 + DI-MEH


HOMMAGE A MAC MILLER ///


       Il avait claqué ses nikes pour en faire un titre. Il avait coupé le son pour mater ses films préférés. On dit même qu’il nageait en tenue de soirée. Lui, c’est Mac Miller, décédé récemment d’une overdose à seulement 26 ans. Il n’atteindra pas le club des 27 et c’est bien le cadet de ses soucis. Mac Miller, de son nom Malcom James McCornick, laisse un grand goût d’amertume. Dans ma bouche en tout cas, c’est sûr. De son premier album Blue Slide Park en 2011 à Swimming, son album presque post-mortem, Mac a fait pleuvoir les titres. Une pluie de seize qui tombe dans un océan où les traversées ont été multiples et capables de conjuguer toutes les émotions. Après XXXTentacion, c’est un autre rappeur américain qui coule, pour des raisons bien différentes. Mais seul le résultat compte dirait Didier. Blague à part.

mac-miller

       On se souvient de « Nike on my feet » et sa prod old school encore trop forte. On se souvient du mal assumé « Donald Trump » et de tes premiers désirs de money. On se souvient du maintenant trop mélancolique « Stay » et de ses notes de trompette. On se souvient de tes déboires sentimentaux, du fait que tu ne cachais pas tes problèmes liés à ta consommation pour dissiper le mal qui t’entourait. On va surtout retenir la créativité et la recherche permanente de nouvelles façons de faire. Ta musique de fou. Tes seize de malade. Tes flow qui te caractérisaient. Il suffit d’écouter Swimming pour s’en convaincre.

       Ne t’en fais pas, on ne retiendra pas les rappeurs que j’avais lu sur Insta faisant la morale du type « voyez les petits, faut jamais toucher à cette merde ». J’avais envie de leur dire « allez-vous faire foutre ». Avec un discours pareil, tu ne convaincras même pas un barreau de chaise. On ne retiendra pas les commentaires de frustrés se vantant d’un : « Et un drogué de moins !  » Aucun flow d’insultes ne sortait pourtant pas de ta bouche. Qu’est-ce que tu leur as fait mon pote ? De la musique ? D’avoir été différent d’eux ? De pas avoir eu la même vie ? Oh le crime ! On ne retiendra pas le fait que ces types ne retiendront que les causes de ta mort. Et encore ce n’était pas à cause de la drogue tout ça. Ils ne se posent même pas la question du pourquoi tu en prenais. Ils ne te connaissaient pas. Moi non plus d’ailleurs, mais je t’écoutais.  On ne retiendra pas ces gens qui ne comprennent pas qu’on rende hommage à un type qui ne s’appelle pas Aretha Franklin. « Shame on you ! » Chacun son époque, chacun ses codes, chacun sa voix. Comme dirait l’autre, si t’aimes pas t’écoutes pas et pis c’est tout !

      Tout ce qu’on sait, c’est que les génies partent trop tôt.

      Comme dirait Jazzy Bazz : « C’est tellement d’taf, tu m’insultes quand tu m’dis qu’c'est du génie pur ».

      Alors je vais me taire et faire parler la touche « play ».

      Merci Mac ! Merci mille fois pour ce que tu as vécu. Rest in peace !


« Leur baratin m’emmerde quand j’vois qu’les bédaveurs
Sont traités comme des assassins en herbe
Pendant qu’des sénateurs ne prennent pas un an ferme
Alors qu’ils magouillent à un train d’enfer« 

[Jazzy Bazz] El Presidente


 

 

 

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