La Revue de Seize #17 [avril-mai]

« En mai, fais ce qu’il te plait. » Ce vieux dicton est parfois appliqué à la lettre. Pour certains, c’est le mois choisi pour revenir sur le devant de la scène après un moment d’absence : Dinos avec Imany, Veerus avec Iceberg Slim, Veence Hanao avec Bodie, sans oublier les sorties de S.Pri Noir, Skalpel et des lavallois EZPZ. Alors un conseil, profitez du soleil qui arrive et de vos jours fériés pour embellir vos oreilles de mélodies rappeuses. Enjoy !


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« Ici les larmes coulent

Et les armes s’enrayent »

[Presque Célèbre] Imany


Ça vient de sortir ///


  • EZPZ – In A Wacky World

ezpz-wackyLe hip-hop se développe en Mayenne. Après le LV Crew, c’est EZPZ qui fait son apparition dans la Revue de 16 avec la sortie CD de leur dernier album : In A Wacky World. Ce groupe « cosmopolite » commence à pointer le bout de son seize avec un album totalement farfelu (traduction de « wacky ») mélangeant sonorités des Balkans, des scratches, de la clarinette et de la guitare manouche mais pas que ! Avec ses faux-airs de Art District, EZPZ (issu de l’expression « Easy Peasy » – les doigts dans le nez) aborde un rap rythmé et énergique à souhait. On a vraiment hâte de voir ce que ça peut donner en concert ! Chaque morceau ayant son histoire et son personnage principal, EZPZ fait du storytelling son cheval de Troie pour entrer tranquillement dans nos têtes. Ça donne de très bonnes vibes comme les titres « Junk TV », « The Postman » ou « No Big Deal ». Surprenant dans la production avec des rythmes changeants et ses mélodies « printanesques », le rap anglais de Dereeq et les platines de DJ Slade se marient (ou se pacsent) parfaitement  avec le reste du crew. Enregistré hors studio et bien oklm, EZPZ emprunte un chemin à la Alice pour en faire des petites merveilles (c’est l’été, on régale). Un dix titres qui valorise notre beau territoire, même si les membres du groupe viennent des quatre coins de France. C’est beau le mélange ! Fingers in the noooiiiiiise !

  • Skalpel – Palante, siempre palante

skalpel« La lucha o la revolución se viven clandestino ». Pas besoin de toujours parler la langue de l’autre pour se comprendre. C’est le point d’attaque de Skalpel avec la sortie de « Palante, siempre palante ». Le titre s’inspire d’un documentaire du même nom correspondant aux luttes des Young Lords, ce mouvement latino ayant défendu ardemment les droits des Portoricains aux États-Unis durant la ségrégation et les guerres d’indépendance. C’est donc avec l’accent sud-américain que le rap du 9.3 remet au goût du jour des combats se déroulant hors de nos frontières. Un retour aux sources pour Skalpel, qui sort un album très inspiré. Au menu ? Des thèmes correspondant au climat morose actuel et ses difficultés au quotidien qui nous rappellent que la misère n’existe pas qu’en France : la mort de Santiago Maldonado et les mouvements populaires qui en ont suivi, le tango porteño, l’homophobie, les « che boludo », la voix du Che en écho aux « wachos » uruguayens et même une référence sur Charlie. Avec Raan à la réalisation, Skalpel livre un versant jusque-là méconnu en retraçant ses origines, sans se détacher de ces principales préoccupations : les autres. Entre le génial « Revancha », le très bon feat avec la présence féminine de Billie Brelok sur « Soy osX » ou la simplicité « enjoyante » d’un « Sudakatake« , mot utilisé de manière négative pour qualifier les Sud-américains, l’album régal ! On notera la présence de Many The Dog, déjà présent sur son précédent album, pour le très beau « Herencia » (héritage). L’album offre une carte postale loin d’être reposante, loin des sentiers touristiques, mais terminant tout de même sur des notes festives avec de la cumbia façon hip-hop avec Sidi Wacho. Car là réside la force latine, c’est celle qui fait garder le sourire. Il n’y a plus qu’à proposer à D-Stroy des Arsonists de venir fait un feat. Enfin du rap sans aucune marque capitaliste pour ceux et celles qui ne connaissent pas Skalpel. Oui, vraiment enfin !

  • Veerus – Iceberg Slim 

iceberg-slim« Quand j’écris, j’converse avec les étoiles. » Veerus arrive avec un nouvel album : Iceberg SlimIceberg Slim aka Robert Beck est un écrivain connu pour avoir sorti une autobiographie sur sa vie de proxénète. Vous comprenez mieux les blazes de Ice T et Ice Cube maintenant ? Well, Veerus pencherait-il pour un album lugubre et malsain ? C’est en tout cas avec « Maison Noire », le nom du label qu’il a créé, que débutent les hostilités. Une introduction en bonne et « grosse » forme montrant que le bonhomme n’a pas perdu son talent. Dans le sombre, on y entre de plus en plus avec l’influence de la force obscure à visage humain sur l’excellent « Palpatine ». On reconnaît la patte d’Ikaz Boi pour signer ici un morceau qui marque les esprits. En plus des différents producteurs sur l’album, le membre du collectif Jayfly s’est attribué les mérites de plusieurs featurings rappés. Résultat ? Un gros « yes » pour celui avec Deen Bubigo sur « Périple » ainsi qu’avec le Ricain Skeme sur « Juice ». Joke, Veust, Infinit, Nemir et Caballero s’agiteront également pour apporter leur savoir-faire dans le style où ils excellent. Un mélange qui mérite néanmoins réflexion. On signalera que Boyz N the Hood n’est plus seul dans le rap français. Après « Correspondance » de Al et Fabe, c’est avec « Carré d’As » qu’il s’introduit de nouveau. Une belle perf’ avant de s’attendrir  sur un petit « Jacques Chirac 2.0″ en guise de conclusion. Sans doute plus accessible, plus featuré à défaut d’être fissuré, Veerus montre en surface un album aux résonances multiples dont il faut creuser la partie immergée. Gravé dans l’iceberg ! Facile !

  • Dinos - Imany

dinos-imany« J’ai de l’amour pour très peu de gens car il ne me reste que très peu de temps ». Bye bye la punchline et le doux sobriquet de « Punchlinovic », voici Dinos « tout court ». Après trois ans d’attente suite à plusieurs changements de labels et de désaccords, voici Imany (traduction de « avoir la foi »). Après s’être fait connaître via les Rap Contenders, Dinos poursuit son évolution à son rythme. Ou plutôt il le fait à sa sauce. De l’eau bénite pour « Bloody Mary », de la « Beuh & Liqueur » pour réchauffer le spleen, Dinos étale une dizaine de confitures sur de grandes tranches de pain. Transcendé et transcendant sur « Les Pleurs du Mal »,  l’écriture du rappeur semble s’être « intensifiée ». Parfois morose, parfois simple, parfois abstraite, le rappeur de La Courneuve montre qu’il peut changer de hauteur dans sa voix ou sur les prods qui l’embarquent. Calé avec un sample de Kendrick sur « Helsinki » et sa froideur glaciale, Ichonisé sur « Hiver 2014″, SCHisé sur « Spleen », on retrouve toute les influences du rap actuel dans cet album. Toutes ? Non ! Un irrésistible Dinos sème le doute dans la bataille ! Remerciant les prédécesseurs avec des références à Busta Flex, Booba ou encore Despo Rutt’, Dinos n’hésite pas non plus à sortir les crocs et clasher les Capitole, Sony ou Dej Jam. Coïncidence ? Le premier morceau de Imany est également le titre de l’album de Veerus. Les grands S.Pri se rencontrent ! On sent venir les « Notificiations »

  • S.Pri Noir - Masque Blanc

spri-noir-masque-blanc-769« Cagoulés et capuchés, c’est nous contre eux. » C’est en référence à Frantz Fanon qu’S.Pri Noir déboule avec Masque Blanc. Et chose de plus en plus rare, le gars nous sort 22 morceaux. Oui messieurs dames ! Un album qu’on peut enfin qualifier « de long et en large ». Et ce, dès l’entame de match avec des rafales de seize en mode automatique à la lame tranchante avec « Nymeria ». Un premier titre aux accents politiques ou plutôt, en tant qu’indigné. S.Pri Noir semble avoir pris la mesure de l’enjeu d’une époque où ce système bouche les trous comme il peut ou surtout, quand il le veut. Chantage à l’emploi, SDF, Marine Le Pen, tout est déjà dans l’intro. « C’est nos vies ! » rage-t-il. Ancien champion de France de football américain, habillé d’un pseudo msn (véridique), S.Pri Noir dégomme vite tout ce qui ne bouge pas. Exemple avec « Finesse » et lourdeurs. Malgré quelques facilités dans certaines rimes, on tirera notre chapeau à « Highlander » et « Skywalker ». Enfin un hommage à Christophe Lambert ! Extrêmement varié, l’album donne la parole à Vivane Chidid sur le très beau « Seck » quand Nekfeu ajuste un nouveau registre dans la voix avec  « Juste pour voir ». Aéré et jamaïcain sur « Baby Gyal », S.Pri marque parfois le pas en illustrant des morceaux nettement moins intéressants dans le contenu que le reste. Dommage ! Cependant, la comparaison est faible face à certains mastodontes. Monstrueux sur « Podium », guitariste sur « Chico » avec un refrain réellement détonnant (sous l’effet de la coca), « Narco poète » voire cosmonaute sur « Fusée Ariane », les costumes endossés par S.Pri Noir s’imposent en maître dans cette schizophrénie bienvenue et musicale. Du rap de caractère tout en « fuckant l’autorité ». Les masques tombent net sous l’effet d’un texte. Jim Caresse.

  • Veence Hanao & Le Motel – Bodie

veence-hanao-le-motel-bodie« La joie, ça sert à rien dans la jungle ». Les phrases croisées au bord de la route des psy ont la cote auprès des rappeurs. Cinq ans après Loweina Laurae, Veence Hanao remet un troisième couvert. Ou plutôt de gros coups de fourchette ! Avec Le Motel, producteur hype du moment, Veence s’étend de toute sa Belgique. Avec Bodie, tout commence avec les charmes d’un parking. Premier titre et première impression : l’ambiance Veence semble égale à elle-même, située entre du glauque, de la lenteur, et du storytelling. Semble ? Pas vraiment en fait ! C’est là où Veence est très fort. Avec l’excellent « La Jungle », Veence trompe presque tout son monde. Même quand on reconnaît entre mille la patte de Le Motel, on se dit qu’on avait jamais écouté ça avant ! Avec une voix qui semble susurrer de vieux secrets cachés, on se prend à jouer le confident intime d’un nouvel inconnu. La preuve avec « Sinistrose » que le Belge a abreuvé de bonnes doses des sub bass et de changements de rythmes de fous furieux. Et Veence dans tout ça ? Oh ben il fait de la musique sur dictaphone avec de faux accents pudiques, s’acharne sur des sorcières bien ou mal aimées sur « Mélusine », dénonce le courage des « Moineaux » ou s’compare à des « Zombies sous Lexomil ». Le panorama est large et risque d’en éblouir plus d’un·e. « On ne sait plus ce qu’on perd, on ne sait plus c’qu’on perd a… » Autant j’étais pas toujours hyper convaincu par Le Motel, autant ici le résultat est vraiment autre. Plus abstract, plus intense, plus vivant, plus Veence. L’album de l’année ? Allez, chiche buddy !


« J’y mets tout mon blues, mais faut-il croire en Bambaataa ?

Le fil bleu sur le bouton rouge, on dirait qu’la joie ça m’va pas« 

[La Jungle] Veence Hanao


Les autres albums [en un clip] ///


Alkpote – Inferno / Niro – Mens Rea / La Chronik – Un Temps Pour Tout / Lucio Bukowski & Mani Deiz – Chansons / Mani Deïz – Infinity -1 / Di-Meh – Focus Part. 2 / La HyèneThugz Mixtape / SeytéLa vie est belle  / Myth Syzer - Bisous


« Mon cœur est en feu, sors les canadairs
Ils ont violé mon peuple jusqu’à Pointe-à-Pitre
J’veux pas dire à mon fils : « T’auras pas ta paire »
J’veux pas dire à ma fille : « Papa n’a pas d’fric »"

[Highlander] S.Pri Noir


Ça va sortir bientôt ///


  • 18.05 : Demi Portion – Super Héros
  • 18.05 : Ol’Kainry – Poneglyphe
  • 25.05 : Lucio Bukowski & Mani Deïz – Chansons
  • 25.05 : Jok’Air – Jok’Rambo
  • 25.05 : Moha La Squale – Bendero
  • 27.05 : Sheldon – RPG
  • xx.05 : Changerz – Premier projet
  • 01.06 : Caballero & JeanJass – Double Hélice 3
  • 01.06 : Despo Rutti – Artefacts Vol. 4
  • 01.06 : Joe Lucazz & Char – Paris dernière
  • 01.06 : Vegedream – Marchand de sable
  • 08.06 : Oster Lapwass – Pense Bête
  • 15.06 : Damso – Lithopédion
  • 22.06 : Kekra – Kekraland
  • xx.06 : Rezinsky – Mal Poli
  • xx.06 : Didaï, Lucio Bukowski & Zippo – Bouteille, essence, chiffon

Le(s) clip(s) rennais :


« J’m'en fous si tu racontes pas ta vie, mais au moins fais le comme Biggie Small. » Devine qui remet ça ? Non, ce n’est pas la fameuse marque chère à Nicolas Anelka, mais bien Rezinsky ! Dorénavant composé de Rezo, Pepso Stavinzky et… d’Atom (ex-C2c), ce clip permet d’annoncer Mal Poli, futur projet du trio qui verra le jour en juin 2018. Un sacré titre montrant l’avènement de « Benjiskhan » avec un flow et des seize qui va faire définitivement basculer les aficionados rennais, nantais et angevins dans le bon karma. Après Bartabas, on ne pouvait pas rêver mieux ! Enjoy !

Ça groove sur Rennes !


Au 1988 Live Club :

      • 16.05 : Hippocampe Fou
      • 24.05 : Necro x DJ Marrrtin [ANNULE]
      • 24.05 : Same Fram présente : Get Ur Freak On // KVCI + Sear Cabe
      • 02. 06 : Funky Fresh Party #25 : Grand groove orchestra + DJ French Tourist + DJ Freshhh
      • 26.06 : Freeze Corleone & Norsacce Berlusconi

À l’Antipode MJC :

      • 17.05 : Carte blanche à Come On Tour avec Strup x The Sunvizors x El Maout
      • Du 24 au 26.05 : Court Circuit avec EZPZ

« Illicite comme le port d’arme
Pronostic vital comme organe
Ils veulent tous m’atteindre comme orgasme
J’suis un sale poète comme Pope Dan »

[Palpatine] Veerus


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