L’association Porte27 basée en Champagne-Ardennes réunit le trio circassien, Marion Collé, Matthieu Gary, Vasil Tasevski et le musicien Lawrence Williams autour de la notion de partage dans une proposition artistique. Ainsi, le travail du collectif s’articule autour de trois axes solidaires : rencontres, laboratoires de recherche, et création de spectacles, trois axes réunis vendredi 8 septembre au Théâtre du Vieux Saint-Étienne pour la sortie de résidence de Vasil Tasevski I woke up in motion dans le cadre des laboratoires permanents de Ay-Roop. Ode à l’image et à l’art sur la thématique de l’errance et de la migration qui devrait mener à une pièce de cirque d’une heure fin 2018.
En 2012, le danseur, comédien, acrobate et metteur en scène Vasil Tasevski partage des histoires et des instants de vie avec des migrants pour la création du spectacle ISSUE01. En résultent des textes, un travail photographique et sonore. Ces traces deviennent le matériaux d’inspiration de la création d’I woke up in motion, projet poétique, humaniste et protéiforme. À travers plusieurs disciplines – vidéo, acrobatie, manipulation d’objets, scénographie, travail de la lumière – la proposition en work in progress trace de multiples chemins entre les murs de pierre du Vieux Saint-Étienne, celui de l’artiste qui construit son œuvre in situ, celui du migrant qui poursuit son exil, celui de l’Homme qui perd son horizon et ne touche jamais au but. Au creux des souvenirs et du temps perdu, Vasil Tasevski investit l’espace, silhouette oblongue et gracile qui se meut, se fige, glisse et s’enroule dans un roue face à une projection d’images argentiques de l’artiste lui-même tandis que, derrière lui, un batteur et un saxophoniste amplifient ses variations visuelles.
Invités à bouger également, les spectateurs peuvent s’approprier leur propre espace dans la salle opaque. Deux d’entre eux choisis au hasard transmettent la parole de Vasil Tasevski à travers une courte lecture. « Où sont les autres ? » s’interroge-t-il. Dans un monde océan battu par les flots de la solitude et en quête d’identité dans un voyage aux horizons ternes couleur cendre, la question de l’identité est centrale. Comment se rejoindre et se reconstruire collectivement lorsqu’on est toujours en mouvement ? Peut-être à travers l’art, vecteur de transmission, d’imaginaire et d’ouverture. Accompagné de ses deux musiciens, l’artiste nous convie à un impromptu visuel et onirique, parfois cruel lorsque des vêtements jonchent le sol (rappel de la mise à nu et du caractère mortifère de l’exil), mouvant dans le clair-obscur tremblé d’un corps qui se fond dans l’image et joie ludique de la roue circassienne sur fond chromatique qui tourne et donne un sens à la vie. L’artiste acrobate s’enfonce ensuite dans la salle vers la musique et la lumière. Reconstruit ? peut-être pas. Revigoré certainement.