I’m from Rennes : 6e rentrée locale

Six ans qu’une équipe porte un temps fort du paysage culturel rennais : I’m from Rennes, ou comment valoriser la scène locale à la rentrée de septembre. Pour en savoir plus sur cette aventure et cette nouvelle édition, entretien avec Cédric Bouchu, co-programmateur du festival qui se tiendra du 14 au 24 septembre.

 

imfromrennesbandeau

Du rock, de l’électro, du rap, un soupçon de jazz et de chanson… I’m from Rennes revient pour investir différents lieux de la ville, des bars aux Champs Libres en passant par des salles de musiques actuelles. Un programme ambitieux; mais que se passe-t-il pour mener tout ça de front, notamment côté programmation ? Questions, réponses.

 

Revenons un peu en arrière… quel est ton parcours ? Qu’est ce qui vous a poussé à monter le festival I’m from Rennes ?

 À la base on est 6 et on vient tous du milieu musical ; pour ma part j’ai été salarié de Canal B de 2000 à 2006 et ensuite j’ai continué à faire de la radio puis j’ai monté l’écho de l’Ubu qui est devenu l’écho du Oans. Dans l’équipe il y a Max, qui est président de l’asso, Youl a une grosse expérience de musicien (Percubaba, Success, Strup), Patricia, qui est attachée de presse, Ludo, qui travaille à l’Armada production, et Simon, guitariste du groupe Her*

Le festival est parti de cinq groupes, certains n’existent plus (Manceau, Juveniles, Popopopops, Wankin’ Noodles et Success), qui avaient sorti chacun un album, qui avaient pas mal de tournées et de visibilité, et qui se sont dit pourquoi pas faire un focus sur la scène rennaise. Donc il a fallu étoffer pour organiser une semaine de concerts. Au départ ça devait être un one-shot, de concerts en appartements, d’émissions radio, et le bilan a fait qu’on a décidé de continuer.

LOGO-IMFROMRENNES2012

Le visuel de I’m from Rennes 2012, 1ère édition

■ Est-ce qu’il s’agissait d’un manque à combler en terme d’événements rennais ?

On trouvait qu’il y avait une scène rennaise riche, mais que sur Rennes on la rendait moins visible, et je pense qu’au bout de 6 ans de festival on se rend compte qu’il y a un regain d’intérêt pour cette scène-là. Pour nous c’est déjà réussi sur le territoire rennais ; après notre objectif parce qu’on est des prétentieux ce serait de réussi à avoir un écho national. On se rend compte qu’il y a des SMAC** qui s’intéressent à notre programmation, donc on considère ça plutôt réussi.

I’m from Rennes a relancé une histoire mais c’est pas que le festival c’est aussi toutes les structures et assos qui se bougent ; nous on a envie d’unir au-delà des chapelles, et j’ai l’impression que ça porte ses fruits.

■ C’est ce qui a permis toutes ces nouvelles collaborations, avec Transat en ville, Les Tombées de la Nuit ; l’objectif est-ce que c’était aussi de placer des groupes qui auraient avancé ?

C’est eux qui vont le faire par eux-mêmes ! Nous on est pas tourneurs ou des bookers, on a pas le temps pour ça ! Pour Les Tombées de la Nuit c’est qu’on travaille sur l’investissement de l’espace public et eux aussi donc il y avait un intérêt direct, comme les balades à vélo ou les concerts au Thabor, et c’est nous qui sommes allés vers eux pour les Dimanche à Rennes.

rectifs-star-LOGO-I'M-FROM-RENNES-2017-CALQUES

■ La programmation comment ça fonctionne, pour sélectionner parmi les groupes rennais, parce qu’il y en a quand même un sacré paquet…

Oui d’ailleurs on n’arrive pas à répondre à tout le monde, sachant qu’on n’est pas salariés de cette structure-là. En gros nous on fait de la veille sans cesse sur ce qui se passe, on traîne dans des bars où il y a des concerts, on note au fur et à mesure, les échos, les liens…

■ L’objectif c’est plutôt de faire découvrir les groupes rennais au public local, ou de les accompagner vers l’extérieur ?

On s’appelle la rentrée musicale de la scène rennaise ; l’objectif c’est aussi de ne pas oublier ces 80 000 étudiants qui débarquent en septembre, les accueillir via ce festival, leur dire voilà des groupes que vous risquez de revoir dans des lieux cette année. Après on ‘a pas vocation à faire de l’accompagnement à l’année car il y a des structures comme le Jardin Moderne, l’Antipode, l’Ubu et sûrement d’autres qui sont faites pour ça. Nous on met des liens, mais on n’est pas spécialisés en tout, je pense à la nuit électro, où on a fait appel à des collectifs spécialisés.

midi-deux-logo

Midi Deux, comme Chevreuil, La Tangente, Önd et Vielspaß font partie des structures électro qui animeront la soirée Comètes au Liberté le 22 septembre

■ C’est aussi le cas pour Ring, la soirée de battle hip-hop ?

L’année dernière on a fait une grosse soirée garage car il y a une large scène rock garage à Rennes. Cette année on fait pareil pour le rap, y en a tout le temps eu à Rennes ; d’ailleurs y aura l’un des « papa » du rap à Rennes, Simba. Mais c’est une scène qui a été un peu mise à côté, et cette année quand on a trouvé qu’il y avait un renouveau, avec des artistes comme ABD, 4 sans Team ou La Meute, on a mis en place cette forme de « Ring ».

■ Depuis le début de I’m from Rennes on a un peu l’impression que le jazz existe moins (même si cette année il y a Laura Perrudin et PhilHip dans le programme) ?

Alors le jazz je sais qu’il est à la Harpe ! En fait c’est qu’on a pas forcément de connexion avec le jazz et que c’est lié à ça. On n’a vraiment pas envie d’avoir de chapelle, mais comme I’m from Rennes c’est une histoire de rencontres et qu’on est plutôt rock forcément on a moins de liens. Si des jazzeux lisent l’interview qu’ils prennent contact avec nous !

 

« Le point négatif c’est vraiment le financier »

 

■ Sachant que personne n’est salarié dans la structure, quel serait le bilan après ces éditions et les perspectives pour la suite ?

Le bilan c’est que déjà il y a tout le temps une nouvelle année avec toujours plein de groupes ; on a eu peur au bout de la 3e ou 4e édition, d’être à court, mais non il y a du renouvellement. Le bilan par rapport à la structure c’est qu’on a une salariée depuis début avril qui est coordinatrice et chargée de production, donc ça c’est cool. On bosse bien avec beaucoup de partenaires. Le point négatif c’est vraiment le financier, parce que le festival augmente de plus en plus, est très visible, mais en même temps les sous n’arrivent pas ce qui devient très gênant car on paye tous les artistes. Il y a un décalage entre ce que pensent les gens du festival et la réalité, car on tient avec des bouts de ficelle depuis 6 ans. Donc on sait faire, on est habitués, par contre faudrait pas que la corde pète car cette année on tire vraiment dur.

■ Et il y a énormément de concerts gratuits…

On dit tout le temps que les groupes sont mal lotis dans leur propre ville pour remplir les salles, et c’est un réalité, donc on va pas mettre des soirées à 10€ où y aura 10 personnes, on préfère mettre des soirées gratuites où on aura 300 personnes et ce sera bénéfique pour le groupe pour qu’il se fasse connaître de plus en plus. Les soirées payantes nous permettent d’être à l’équilibre, mais faut que ce soit complet.

■ En parlant des éditions passées est-ce que tu aurais un très bon souvenir ou une anecdote ?

Je peux en donner deux quand même ?! L’année dernière on s’est pas rendu compte qu’on faisait une édition forte. Pour moi en terme d’affinités musicales ça a été la soirée garage, qui a bien marché, et le deuxième souvenir, c’est le samedi du Thabor où il y avait In love with a ghost, Clarens, Her et Luke Von Western ; on s’attendait à avoir 1 500 personnes et où on a eu plus de 5 000 et où on sentait que le public était là. Une véritable ambiance où tout le monde était uni.

samedi-enfer-thabor-im-from-rennes-2016

■ Sur la nouvelle édition vous continuez à mélanger pas mal les lieux, est-ce qu’il y a des nouveautés que tu voudrais souligner ?

Je pense que le parcours au Thabor, le dernier jour, va être intéressant. On a repéré plein d’endroits, et on demande aux groupes de venir avec peu de matériel; je pense que ce parcours musical va être dédié à cette idée de culture pour tous, sans pour autant déranger ceux qui font juste une balade puisqu’il s’agira de petites jauges. La nouveauté c’est qu’on rentre dans des lycées, des lieux dédiés à la prépa d’école, qui ne sont pas toujours faciles d’accès en terme d’autorisation. Après on est un peu sur le même canevas que l’année dernière, pour une raison toute simple : c’est qu’on avait envie d’améliorer pas mal de choses.

■ Quel serait ton dernier coup de cœur artistique ?

Il y a eu le bal du 13 juillet qu’on a monté, et j’ai adoré Passion Coco.


 Rendez-vous du 14 au 24 septembre

 Le site d’Im from Rennes


 

*L’interview a été réalisée avant le décès de Simon Carpentier, le dimanche 13 août 2017.

** Salle de Musiques Actuelles Conventionnée

Envie de réagir ?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>