Au cœur du quartier de Maurepas, le festival Rue des livres soufflera ses 10 bougies du samedi 18 au dimanche 19 mars 2017. Pour fêter l’évènement, rencontre avec Marion Bourreau et Anaïs Billaud (il manquait Fanny Thebault en charge de la médiation culturelle) aux commandes du festival et rétrospective en images des acteurs de la vie littéraire locale qui empruntent régulièrement la Rue des livres (et un intrus, saurez-vous le retrouver ?)
■ Quand et comment avez-vous rejoint le festival Rue des livres ?
Marion : J’étais responsable du secteur enfance à la maison de quartier de Maurepas qui a créé le festival. L’équipe souhaitait renouveler ses projets à travers un challenge autour du livre dans le quartier. Ce fut une première édition un peu rock & roll, avec peu de moyens, sans savoir-faire et avec une méconnaissance du milieu. Mais la volonté et l’envie nous ont poussés à initier ce projet et les retours positifs nous ont encouragés à le poursuivre.
Anaïs : Après des études en histoire de l’art et dans le milieu de l’édition en tant qu’assistante, j’ai rejoint l’équipe de Rue des livres en octobre 2013 avec le défi d’investir le complexe sportif des Gayeulles (notamment à travers une nouvelle scénographie) après les premières années à la salle Guy Ropartz. Si je n’ai pas connu la naissance du festival, je suis toujours admirative de l’énergie déployée pendant cette période de mise en place pour accueillir le public et les auteurs dans les meilleurs conditions possibles. Cette exigence d’un accueil de qualité est devenue une des marques de fabrique de l’évènement
■ Quel est votre rôle à chacune dans la préparation du festival ?
Marion : Au cours de l’année, je m’occupe de la partie logistique de l’évènement auprès des auteurs. À partir de juin, j’effectue également un travail avec les établissements scolaires du quartier en priorité, avec un roulement pour les autres. Nous travaillons avec le comité du prix ado constitué de documentalistes scolaires ou encore avec la librairie La Courte Échelle, spécialisée dans la littérature jeunesse. Je participe également au comité de lecture et je seconde Anaïs sur le choix de la sélection.
Anaïs : Je me charge du cœur de la programmation. Notamment de coordonner la sélection d’auteurs à partir d’un comité de lecture qui existe depuis deux ans. Avec une quinzaine de bénévoles, nous nous réunissons chaque mois pour un échange et des débats autour de livres qui permettent d’affiner notre choix. La qualité littéraire prime en élargissant le panel pour séduire les férus de littérature comme les lecteurs occasionnels. Ensuite, je m’occupe de la coordination des spectacles et des des projets avec nos partenaires tels les bailleurs sociaux très impliqués et enfin de la partie communication avant le festival. Fanny Thébault, médiatrice culturelle absente aujourd’hui, travaille quant à elle tout au long de l’année sur des actions autour du livre et de l’écriture avec différents publics sur le quartier ou la ville. Elle gère également la gestion des quatre-vingts bénévoles pendant le festival afin que chacun soit à sa place au bon moment et surtout dans une bonne ambiance.
■ Les points forts de la programmation de l’édition anniversaire ?
Anaïs : Parmi les auteurs invités, François Bégaudeau (Entre les murs) qui a publié un dizaine de livres pas forcément très connus et qui bénéficie pourtant d’une écriture originale, drôle et créative. Ou encore un rendez-vous public avec Hubert Haddad à l’œuvre prolifique constituée pendant plus de quarante ans d’écriture. Sans oublier une rencontre entre Bernard Minier, Franck Thilliez et David Khara qui évoqueront leurs sources d’inspiration à partir d’extraits de livres, de films ou de titres musicaux. Pour les spectacles, nous tentons d’explorer différentes voies d’animation autour du livre qui ont séduit le public l’année dernière comme la battle dessinée à retrouver en version hip-hop cette fois ou encore Petite ombre, un spectacle jeune public de jeux d’ombres de lumière, adapté d’un livre de l’auteur jeunesse Christos, présent sur le festival. Enfin en clôture le dimanche, une performance pluridisciplinaire intitulée Fossil qui mêle les arts du cirque et de la danse, un mélange audacieux à découvrir.
■ Un souvenir marquant ou une anecdote emblématique du festival ?
Marion : Un souvenir. Ma rencontre avec Magda Hollander-Lafon, Rennaise d’origine hongroise, rescapée d’Auschwitz-Birkenau et marraine du festival en 2013 avec qui j’ai partagé des moments privilégiées pendant les mois de préparation en amont du festival. Elle m’invitait chez elle à boire un café, elle me préparait des gâteaux hongrois et elle évoquait ses souvenirs, son histoire.
Anaïs : Une anecdote emblématique. À la fin du premier festival, Grégory un bénévole présent depuis dix ans, ramassait les tables et a remarqué un gros livre oublié. Il le ramène chez lui (il ne lisait pas du tout à l’époque) et le dévore. Depuis, il est devenu lecteur et cette année il va aller chercher l’auteur de ce livre, Franck Thilliez, à la gare de Rennes !
Poursuivre une programmation qui ose aller vers des formes différentes, qui initie des créations, qui part à la rencontre des mots et des auteurs de façon simple et sincère.
■ Si vous deviez projeter le festival Rue des livres dans dix ans ?
Marion : J’aime le format actuel Je ne vois pas le festival grandir en espace, mais plutôt travailler davantage sur le savoir-faire toujours et continuer à nous professionnaliser pour que l’accueil des visiteurs comme des auteurs soient toujours de qualité, que tout le monde s’y retrouve et continue à s’y sentir bien.
Anaïs : Préserver l’implantation du festival dans le quartier. Beaucoup d’évènements se déroulent dans le centre-ville à destination d’un même public. La géographie des lieux donne un sens à Rue des livres. Elle trace son identité. Poursuivre une programmation qui ose aller vers des formes différentes, qui initie des créations, qui part à la rencontre des mots et des auteurs de façon simple et sincère. Je ne sais pas où nous serons dans dix ans mais ces questions nous guideront pour les prochaines années.
Informations et programmation du festival Rue des livres