Pour sa douzième édition, du 22 février au 25 février 2017, le festival de musique electro-pop-rock de Saint-Malo La Route du rock a navigué en version hivernale avec une étape à l’Antipode de Rennes jeudi 23 février. Dans son escarcelle, un Omni US identifié, un Tim Darcy aux mystéres célestes et un parfum de Rendez-vous vénéneux. De quoi réchauffer les esprits et rompre la glace !
Il n’y a pas de saison pour emprunter la route du rock. Depuis 2006, le festival du fort-de-Saint-père se décline en mode hivernal et propose une programmation rubis sur ongle entre révélations parfois explosives et artistes confirmés.
A Rennes, dans la salle de l’Antipode encore clairsemée, en provenance d’Atlanta, le groupe Omni ouvre le bal de cette route du rock version frimas. Le trio US, composé d’un ancien membre de Deerhunter (Frankie Broyles) et 2 anciens des Carnivores (Philip Frobos et Billy Mitchel) propose une session rythmique entre pop effilée et post-punk syncopé. Pendant une heure, les morceaux de leur premier album intitulé « Deluxe » s’égrènent à la faveur de jeux de guitare entremêlés. Si les trois garçons possèdent une signature et un univers personnels, manque à la prestation une étincelle pour vraiment décoller.
Vient le tour de Tim Darcy de se présenter sur scène en compagnie de sa batteuse/guitariste et de sa bassiste/violoniste. Le leader du groupe Ought présente son projet solo avec un premier album intitulé « Saturday Night ». En osmose avec ses musiciennes, Tim Darcy, voix de Crooner puissante et charismatique, regard perdu au loin, distille une ambiance entre rock indie expérimental et folk acoustique intimiste comme si le public franchissait les portes d’une maison intérieure et que ces trois-là livraient une histoire intime aux sonorités mélodieuses aussi intenses qu’aériennes. Comme un secret partagé qui résonnerait encore le concert trop vite achevé.
Enfin, un ultime Rendez-vous pointe son nez. Sa fureur sombre plutôt. Aussi froid d’apparence qu’abrasif sur scène. Le décor à changé, lumière opaque dont surgissent parfois des stries bleue polaire, quatre garçons parisiens vêtus de couleurs sombres, des synthés en enfilade. Fondue au noir, un son guttural sortie des entrailles du punk anglo-saxon et de la new-wave électronique allemande envahi l’espace. A tout seigneur, tout donneur. Et à voir la foule compacte amassée devant les enceintes, ce Rendez-vous là bénéficie déjà d’une excellente réputation (estampillé « Soft Moon » français », forcément ça aide). Le public lui aussi s’est métamorphosé. Des silhouettes tapotant du pied le sourire aux lèvres quelques minutes plus tôt, il ne reste qu’une vague électrique qui agite ses jambes et déploie ses bras pour entamer un pogo revigorant. Les garçons tombent les chemises, le regard des filles s’hypnotisent, les pieds s’agitent. Sur scène, l’ombre longiligne du chanteur déverse sa tumulte hantée tandis que les musiciens balancent des mélopées synthétiques tubéreuses. Rendez-vous gagné. Il a fait très chaud, chaud sur la route du rock d’hiver à l’Antipode ce jeudi soir !