Ursus Minor : What matters now ? Un raton-laveur !

Groupe inclassable, Ursus Minor sort peu de disques. Trois albums depuis la création du quatuor en 2003. Ils reviennent ce mois-ci avec un double album, What matters now. Avec de nombreux collaborateurs, un disque rare pétri de jazz, de funk, de rock, de hip-hop, qui a les deux pieds dans son époque et la tête dans les étoiles.

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Inutile d’essayer de mettre une étiquette sur les compositions d’Ursus Minor; ça grouille trop de vie et de sons pour vouloir faire rentrer l’album dans une case. Commençons tout d’abord par l’objet en lui-même, avant de s’intéresser au disque. Le double album contient un riche livret, de tous les textes, mais également d’illustrations ou de photographies, comme celles de Val K. qui vont du Chiapas à… Notre-Dame-des-Landes. Un lieu où le quartet de jazz avait joué en 2013. Il semblerait que l’expérience les rattrape, puisqu’ils signent une reprise de « Notre dame des oiseaux de fer » de Hamon Martin, et écrivent également « Zad song »; un titre qui collabore avec le duo breton Le Bénéfice du doute et la rappeuse Desdamona. C’est efficace, ça ressemble à un flow de dingue posé sur une fusion funk-jazz-rock, et c’est sans mal que vous vous surprendrez à reprendre le refrain.

Car c’est l’énergie qui prime chez Ursus Minor; celle d’un clavier en plein chorus, celle du parfum d’une lutte, d’un saxophone qui joue les basses endiablées, d’une batterie à vous décrocher la nuque, d’une force indicible. De l’urgence de dire ce qui importe maintenant ? La voix est portée haut par les rappeurs Desdamona et deM atlaS, la chanteuse Ada Dyer, l’acteur Frédéric Pierrot pour revisiter « La meilleure des polices » (La Rumeur). Elle est également là pour rendre hommage au premier guitariste du groupe Jef Lee Johnson en jouant sa composition « Move« , Ada Dyer au micro, ou à Pavlos Fyssas, rappeur grec assassiné par les fascistes d’Aube dorée.

ursus-minor-what-matters-nowUne énergie qui n’hésite pas à se reposer avec « Le pont sur la Vézère », un intermède, comme une respiration au cœur des deux disques, et dans la campagne limousine avec Bernart Combi pour « Lo chant de la tierra« . 8 minutes plus calmes, 8 minutes pour écouter le souffle de la terre, ses craquements, et se laisser emporter. Être un raton-laveur masqué un instant, l’animal ayant été choisi comme visuel du disque suite à la décision de la communauté européenne de le classer comme nuisible à éradiquer. Nuisibles de tous les pays, unissez-vous !

L’histoire est là, et elle faite de frontières, de douleurs et d’amour, de chemins de traverses, de musiques traditionnelles et de rythmes urbains, et Ursus Minor s’empare des mouvements de vie pour les transcrire en musique. Un cri, comme le saxophone soprano de François Corneloup qui s’égosille sur « Sun’s going down« . Le quartet, qui n’hésite pas à revisiter « Rythme futur » de Django Reinhardt » ou « I don’t live today » de Jimi Hendrix, confirme en tout cas son talent à accompagner des rappeurs, et à inviter les musiciens tels de petits ruisseaux qui formeraient une grande rivière. Une rivière de musique, qu’elle soit soul, rock, jazz ou libre de porter « la colère et la joie ». Surtout libre.

Le site de Nato Records (pour écouter des extraits du disque)

Whats matters now – Un double disque signé Ursus Minor and more paru le 23 septembre 2016 – Ursus Minor c’est Tony Hymas, Grego Simmons, François Corneloup, Stokley Williams – More : deM atlaS, Desdamona, Ada Dyer, Le Bénéfice du doute, Bernat Combi, Patrick Dorcean, Manon Glibert, Anna Mazaud, Frédéric Pierrot, Dominique Pifarély, Léo Remke-Rochard, des voix de foules qui manifestent, et un raton-laveur.

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