Arm & Tepr – Psaumes, des éclairs dans la nuit

Quand l’un brise la glace, l’autre recolle les morceaux. C’est peut-être ce qui caractérise le mieux Tepr, ex-Abstract Keal Agram et Arm, ex-Psykick Lyrikah. De nouveau réunis après 12 piges et « Et la nuit s’éternise », Arm & Tepr se regardent ensemble dans la glace pour donner Psaumes, un acte sacré et illustré par un orgue immense sur la pochette. Un acte en 8 versets avec « des paumes en feu » pour trouver les notes et les mots qu’il faut. Un acte situé entre le sacré et le profane, entre les combats ordinaires et la grisaille pour ceux qui ont déjà fait « péter les codes ».

ARM-TEPR_presse2016_credit_Gildas_Raffenel

« On est des éclaireurs, comme d’hab’.

On prendra les coups. Tu connais c’est comme ça.

Laisse-les croire qu’ils nous ont devancés.

J’ai pris l’espoir à pleine main sans leur demander. » (« Totem »)

Il fallait s’en douter. Tepr avait déjà signé de bons gros morceaux sur les derniers albums de Psykick Lyrikah (« Mon Visage » , « Jusque-là » ) et le voilà à nouveau en train « de prêter mains fortes » à la voix de Arm, rappeur aux antipodes de ce qui se fait communément aujourd’hui dans le milieu « rap ». Une écriture jugée abstraite par certains mais aux sentences sèches. Et pour ceux qui en doutent, celui-ci a revendiqué savoir de quoi il parle avant de ne plus regarder derrière soi. Pas besoin de se justifier, juste d’avancer sans chercher à plaire. Il nous fait part de ses doutes, de ses envies, celles de tout refaire et de « braquer le ciel ». Champ lexical des phénomènes naturels à l’appui, la nuit n’a jamais été aussi belle sous les percu’ de Tepr. Depuis Des lumières sous la pluie, en passant par Les Courants Forts à Jamais Trop Tard, de l’eau a encore coulé sous les ponts. Ambiance…

« J’pose par étape. Cause pas trop des détails. 

On n’impose pas d’étoiles. On ne marque pas le bétail. » (« Tu Sais »)

Qu’on ne se leurre pas, Psaumes n’est pas fait pour danser mais pour baisser la tête avant de la relever. L’album marque une nouvelle rupture avec ses prédécesseurs. Déjà parce que c’est une première : Arm se revendique en tant que « Arm » (et non Psykick Lyrikah) et aussi parce que les sons sont produits entièrement par un seul homme : Tepr, un sacré faiseur de bruits qui monte qui monte qui monte… L’album offre alors des couleurs électroniques, aux synthés glacés et variés, aux beats minimalistes ou tranchés en harmonie avec le phrasé de Arm. Avec Psaumes, de nombreuses vagues déferlent. On passe de l’excellent « electrap » avec « Tu sais », aux éclats de la jeunesse et plus particulièrement de son fiston avec « Sur le ciel » en passant par les chœurs sur le titre éponyme « Psaumes » pour finir avec un son électro-cool avec « Chaque soir ». Ce dernier titre énumère parfaitement le parcours musical aux multiples ronces qu’ont affronté les acteurs de l’album. On n’oubliera pas « Totem » qui ouvre le bal, morceau-phare de l’album, éclairant toutes les autres pistes au passage. Comme un signe.

« J’ai bougé. J’ai bougé vraiment.

J’ai douté de tout, coulé pour écrire au présent. 

Doublez-les, n’écoutez pas ceux qui ne doutent jamais.

Avance tes pas, les gens te redoutent pareil. » (« Rallumez-les »)

psaumes-arm-tepr« On est des éclaireurs, comme d’hab’. On prendra les coups, tu connais c’est comme ça ». Arm maîtrise l’art de l’anticipation à celui dont on « reproche » d’en dérouter plus d’un à l’écoute. La voix calée au millimètre près et rebondissant sur les beats de Tepr, mais aussi la voix modifiée avec parcimonie sur une phrase ou des refrains apportant une touche sonore qui s’intègre facilement aux instrus de ce dernier. C’est la nouvelle arme, le nouveau jouet du rappeur qui rajoute une nouvelle corde à son arc. On avait déjà aperçu un extrait de ce que ça pouvait donner sur le projet Inuk. Déjà treize années d’activités et comme d’hab’, la ville va s’endormir avant de renaître. On « rallumera les soleils » avec ce verset tranchant : « Retiens la vie comme tu peux mais retiens-la bien ». Comme une dernière leçon, ou tout simplement comme un Psaume.

« Le langage, c’est la clef du rêve. Le regard franc,

Ne parle jamais dans mon dos ou c’est la fin du règne. » (« Chaque soir »)

 

 

Psaumes de Arm & Tepr – Album de 8 titres – Sortie : 15 Avril en cd/vinyle sur le label Yotanka – Disponible ici

Envie de réagir ?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>