Lefto et rap ! Une affaire très personnelle – Les archives de Lefto (1980-2010)

Passé, présent et futur. Années 80, 90 et 2000. Dj Lefto est une sorte de Marty McFly contemporain. Activiste musical belge ayant travaillé un peu partout dans le monde sous différents labels, Dj Lefto débarque en 2015 pour nous proposer ses sélections musicales « made in Hip-Hop version US ». Une sélection purement subjective et assumée dont il revendique l’entière responsabilité. Trois volumes retraçant les premiers mouvements du breakbeat aux flows d’aujourd’hui. Une manière d’évaluer de manière signifiante l’évolution du rap d’avant-hier à nos jours. C’est parti pour la touche « Play » !

Lefto-1Aujourd’hui, la musique est partout. On se balade avec nos écouteurs branchés directement sur nos portables, nos lecteurs CD, nos platines vinyles (bon, j’exagère un peu). Bref, la musique ça prend de la place ! Elle est là du matin au soir, voire pendant nos nuits (maudits voisins). Pire, certains semblent en vivre ! Moi-même, j’associe plusieurs réalisations de mes tâches les plus complexes à la musique : je fais la vaisselle en écoutant de la musique, j’écris ce texte en écoutant de la musique, je lis en écoutant de la musique. Passionnant. C’est ainsi qu’à la croisée de deux lectures avec le dernier E. Davodeau et Persepolis de Marjane Satrapi, j’ai dépoussiéré dans le même temps les archives musicales de Dj Lefto. Coïncidences ? Je ne pense pas.

« J’ai conçu cette série pour mettre en lumière des perles de toutes les époques. J’ai utilisé beaucoup de faces B et des coups de cœur personnels. » Lefto

La musique semble universelle mais c’est avant tout une affaire personnelle. Comme à la lecture des bandes-dessinées évoquées, le passé est aussi omniprésent. Le renier est une aberration. Une hérésie même ! C’est en lisant ce bon vieux passé que j’ai les clefs pour traduire ce qui m’arrive aujourd’hui. Si j’en ai envie. Le lien « de cause à effet » qu’on appelle ça à c’qu’il paraît. C’est aussi le cas dans la musique.  Et Lefto l’a bien saisi ! À l’écoute de ces trois volumes, je ne peux évoquer que de la bonne nostalgie. Et pour ça, mes souvenirs vagabondent à l’écoute du premier titre (en mode lecture aléatoire) : « The People » de Common. À quinze ans, j’ai ouvert une porte sur laquelle était inscrit « RAP » par des vieux de la « veille » qui n’étaient pas de mon âge : Prose Combat de Mc Solaar côté français, et Deadringer de Rjd2 côté US. Alors comment ne pas être troublé en dépeçant les trois volumes de Dj Lefto qui propose une rétrospective de 1980 à 2010. Une sélection affective comme il l’explique lui-même puisque ce sont avant tout des sons qui lui ont fait « tilt » à un moment de sa vie. On peut donc s’y retrouver… ou parfois avoir aussi l’effet inverse et totalement se perdre. C’est un choix assumé. Comme celui de l’écouter en lisant deux bandes-dessinées à connotation politique.

C’est pourtant ce genre d’initiative qui nous fait du bien aujourd’hui. Je me souviens souvent des remarques étant enfant de la part de camarades de classe qui, à chaque fois que j’écoutais quelque chose qui leur était étranger, me disaient « mais c’est bizarre ce que t’écoutes » ou encore le fameux « c’est vieux, c’est nul ! » À moins que ce ne soit moi… Mais comment expliquer que ce qu’on écoute aujourd’hui est lié à ce que nos parents écoutaient hier ? Il suffit d’entendre les nombreux samples et d’apercevoir les influences accumulées dans cette musique pour le comprendre. Rappelez-vous des morceaux qu’on écoutait à l’adolescence, des trucs abandonnés, des voix scratchées dont j’identifie seulement maintenant l’origine et qui sont présentes sur des albums d’IAM, NTM ou même MC Solaar… c’est ce qui me permet de comprendre (en partie) ce que j’écoute aujourd’hui.

Lefto-2Et je remarque que c’est très facile de mélanger les styles et les époques. Dj Lefto arrive à faire cohabiter Snoop avec Jurassic 5, Common et Slum Village par exemple. Et c’est encore mieux quand on met le tout en lecture aléatoire (chacun son truc après). Que c’est bon d’écouter du Dilated People, du LL Cool J ou les Roots ! J’apprends aussi à sympathiser avec des inconnus comme 3rd Bass, Mantronix ou Bahamadia. Ça donne envie de jeter un « œil » sur des albums à partir de l’écoute d’un titre, c’est bon signe !

Conclusion : il y a ceux qui se lèvent tôt pour prendre rdv au plus vite avec leur avenir, et il y a ceux qui écouteront Lefto pour regarder de temps à autre derrière eux. Et si certains ne veulent vivre que dans l’instant présent, aucun problème ! D’autres feront des temps morts à l’aide de l’art subtil du prose combat. Touche « stop » !

 

 

Dj Lefto – Les archives du rap (1980 à 2010) – Trois volumes – Sortie en digital le 9-10 chez Universal.

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