Vous les connaissez certainement, le premier Franck Vandecasteele dit Mouloud fut le leader du groupe culte de ska moules-frites Marcel et son orchestre, le second Cyril Delmote exerça ses talents de guitariste au sein des fameux VRP. Entourés de quatre musiciens de la scène alternative estampillée Nord-Pas-de-Calais (dont Guillaume Montbobier compositeur arrangeur du projet), les trublions s’éclatent aujourd’hui au sein de Lénine Renaud, formation groucho-marxiste à la gouaille vitaminée. De laquelle s’échappèrent de délicieux effluves contestataires sous le chapiteau du Grand soufflet mercredi 7 octobre aux alentours de 21h et des brouettes de bière.

Les six membres de Lénine Renaud ont abandonné leur chemise rouge explosive pour une étoffe zébrée noire et blanche. Mais on ne change pas une équipe qui gagne. Il faut baisser les yeux pour s’apercevoir que le duo de chanteurs-copains arbore de splendides docks vermillon. Rouge un jour, rouge toujours ! « Kalin kakakalin, kalinka », le célèbre chant russe donne le tempo. C’est parti pour une heure et demie de show festif. Entourée de guitare sèche, contrebasse, banjo, mandoline, harmonica, accordéon, grosse caisse, la sémillante troupe de vieux briscards s’en donne à cœur joie. Au menu, une interprétation collégiale aux petits oignons de titres de leur dernier album intitulé 6 rue Brûle-Maison (adresse de La Bodega, bistrot lillois certainement bien connu de nos Leningrad cowboys version Ch’tis).

Servis par une plume poétique, réaliste, énergique ou encore engagée, les Lénine Renaud « meneuses de revue des causes perdues » convoquent pêle-mêle Marguerite Yourcenar, des pommes de terre, le festival de Berck, une môme, du calva, des TOC et même un crabe pas drôle… sacré melting-pot(es) qui balance des coups de rire dans la fourmilière du consensus étriqué. Clergé, patronat, retraite, un doux vent militant traverse la foule conquise sous le chapiteau du Grand Soufflet. Le combo joue, parle, chante, mime, licencie et s’auto-limoge, colle son nez au sol, lève son poing au ciel, embrasse l’espace et ses partenaires. Et ça dépote, impossible de les tenir en place. Trois rappels, un clin d’œil au tandem version Vanessa Paradis plus tard, l’appel du vin blanc se fait sentir. Hommage VRP à la mémoire de Mémére et voilà déjà l’heure de se quitter sur une ultime invitation festive : « On se retrouve au bar ? » Good bye Lénine Renaud !