Il était une fois un conteur québécois qui était venu à Mythos en 2005 avec une histoire, Le fermier et son propriétaire. Il était une fois un conteur québécois qui revint sur Rennes en 2015, pour Le retour du propriétaire. Au festival Mythos, on aime la turlutte* et la parlure avec François Lavallée.
Un spectacle seul en scène pour démarrer la soirée au Cabaret Botanique le mercredi 8 avril. François Lavallée avait conquis l’auditoire en 2005; le challenge était donc de taille pour cette nouvelle édition du festival. Faire rire à nouveau, embarquer dans une histoire, émouvoir; l’art du conte… amélioré. Car le comédien ne s’arrête pas à une simple trame narrative que l’oreille et l’imagination suivraient; François Lavallée, avec sa voix et son corps, fait un peu plus que ça.
C’est au Québec que tout démarre, chez des grands-parents qui, comme en Bretagne, chantent des chansons à répondre traditionnelles. On raconte des histoires, au coin du feu bien sûr; et revoilà donc notre fermier malin et son propriétaire bêta. Ce dernier se fait avoir par de multiples subterfuges, du chaudron magique qui ferait bouillir l’eau, jusqu’au soufflet qui ressuscite une épouse attaquée à la hache. Il y a aussi des brigands, mais ils sortent rapidement de l’histoire, parce que François Lavallée fait ce qu’il veut avec ses personnages. Et c’est ce qui fait toute la force du spectacle. François Lavallée, usant de quelques gestes précis, s’auto-commente, fait des digressions, interpelle le public, et renouvelle ainsi l’art de conter qu’il défend depuis près de vingt ans.
« Si tu veux vivre avant de mourir, attends de mourir avant de t’enterrer »
Que serait un conte sans une morale ? Après de multiples rires du public sur les mésaventures du propriétaire, le conteur nous emmène jusqu’à quelques petites phrases de sagesse. François Lavallée, qui a poursuivi avec l’histoire d’un mineur et la région d’Abitibi, harmonica à l’appui, délivre ensuite son « mode d’emploi pour cultiver le silence ». Poétique et sensible, c’est tout un monde qui s’ouvre avec ce « dépotoir à bruits ». La magie est mots et l’art de la parlure, le festival Mythos a bien fait de réinviter cet artiste, applaudi généreusement. La morale de cette chronique, avant que son auteur n’en sorte, car nous faisons ce que nous voulons dans nos articles ? Nourrissez-vous de mots vivants, et votre imagination sera rassasiée.
Mythos continue jusqu’à dimanche !
* Turlutte : Au Québec, la turlutte est une forme de chant traditionnel et populaire.