Neuer Tanz, chorégraphie et balles perdues

Va Wölfl et sa dernière création étaient présents pour le festival Mettre en Scène. Un moment de danse contemporaine (tellement contemporaine que certains n’y ont rien compris du tout). Mais après tout pourquoi pas ? Tentative de description d’une chorégraphie perturbante.

Le public entre, et se retrouve soudain au milieu d’une étrange forêt de sapins tournoyants entre les sièges d’une salle de théâtre aux allures oniriques. On s’y perd alors, afin d’y quêter une place, pour finalement s’installer, sans parvenir à voir la totalité de l’espace scénique (un immense cube blanc ouvert sur la salle). Puis, le rêve commence. Il règne dans la salle dissipée une étrange odeur d’encens, à la fois lourde et apaisante; semblant nous envoûter, une sorte d’hypnose se fait invitation à un étrange voyage collectif. Alors, comme dans un rêve, défile une succession de tableaux dont la symbolique extrêmement large permet une évasion totale : le sens nous échappe, l’on saisit des bribes par ci par là, mais ce n’est pas grave. Du moment que les danseurs ne nous braquent pas d’armes sur la tempe. On tente d’interpréter ce mystérieux titre : « Ich sah : Das Lamm auf dem Berg Zion » (Et je vis l’agneau sur la montagne de Sion, dans un des versets de l’apocalypse). Puis non, finalement, où est la violence de l’apocalypse ? dans ce jeu avec le public ? dans les attitudes mécaniques des danseurs habillés en employés de banque ? Il faut se laisser embarquer.


L’espace de jeu se délimite aux murs nous entourant. Le public, grouillant telle une fourmilière, tantôt riant, tantôt râlant, est autorisé à changer de place durant la représentation, applaudissant à tout moment, quand bon lui semble et partant quand il pense la fin effective. Cette création entremêle la beauté et la monstruosité de l’Homme, deux notions paradoxales dont se sert l’auteur pour en tirer une étrange mais fascinante poésie. On en sort énervé, rêveur, heureux, irrité, souriant, ébloui, euphorique, mélancolique, confus, ou apaisé par la violente douceur de ce que l’on vient de voir. Comme après un rêve. Ou un cauchemar.

Ich Sah : Das Lamm auf dem Berg Zion, Offb.14,1. Un spectacle chorégraphié par VA Wölfl et donné au TNB de Rennes du 21 au 24 novembre 2012.

Avec Alfonso Bordi, Justin Carter, Montserrat Gardó Castillo, Petr Hastik, Nicholas Mansfield, Edgar Sandoval Diaz, Kristin Schuster, Yuki Takimori, Judith Wilhelm, Wiebke Küm, Susanna Keye, Marco Wehrspann, Wolfgang Wehlau, N.N., N.N., VA Wölfl son John Dowland, Jeans Team, Romy Schneider, Neuer Tanz

Envie de réagir ?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>