Les nuits de San Francisco, le petit dernier de Caryl Férey !

Après quelques nuits passées à L.A. avec mon ami John Fante puis d’autres avec son fils Dan, voilà que je dégote chez mon libraire, mon nouveau libraire, librairie Pécari-Amphibie, le dernier avorton de Caryl Férey, notre collègue rennais, vous remettez ?

LesNuitsDeSanFrancisco_caryl-fereyRoman court ou nouvelle longue ? Au choix. Un genre qu’on ne lui connaissait pas encore. Ses personnages, il a pris l’habitude de les soigner sur la longueur… le court, pour cela, n’est pas chose aisée. Pourtant, avec Les nuits de San Francisco, il campe deux personnages avec une finesse remarquable, en 120 pages, tout petit petit format, du genre taille de ma main.

Une rencontre. Un indien lakota, Sam, en provenance directe de Wounded Knee (lieu d’un atroce massacre perpétré à l’encontre de la tribu lakota à la fin du XIXe siècle), échoué dans cette bonne vieille city by the bay, alcoolique, drogué, errant solitaire à travers Frisco à la recherche d’un coin pour pioncer, d’un recoin pour cuver en sécurité. Un indien condamné depuis plusieurs génération, depuis Wounded Knee et le massacre de son peuple. Et une jeune femme, une égarée aussi, éclopée, ancien modèle, droguée et foutrement résolue à suivre la nuit jusqu’au bout…

Cette rencontre. San Francisco. Deux portraits qui se croisent et forment l’un l’autre le récit de cette nuit… où deux errants ont uni leur sort.

Petite astuce cinématographique dans la narration. Astuce que je ne dévoilerai pas, pour ne pas gâter le plaisir. Mais un ficelage bien habile qui renforce le côté dramatique et assure d’intriguer le lecteur. Oh et puis toujours ce style brut et précis, incisif et léger tout à la fois, où s’affrontent de vives sensibilités, des expressions à tordre le bide, des vents et des étoiles de ciel de nuit qu’on voit entre les lignes percées par le Golden Gate Bridge, des estomacs acides avec toutes les remontées d’alcool, qu’on ressent tout pareil même qu’on aurait envie de roter ou de gerber un coup pour évacuer le trop-plein, des éclats d’écriture comme il nous en a donné l’habitude. Une sorte d’accoutumance avec lui.
Encore un bon tire pour Caryl.

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