La Chambre bleue : une histoire d’amour éperdu, provincial et toxique tirée d’un roman policier de Georges Simenon paru en 1964.
Julien Gahyde (Mathieu Amalric), concessionnaire d’engins agricoles John Deere (tracteurs, moissonneuses, ensileuses, etc.), tombe amoureux d’Esther, la pharmacienne du village (Stéphanie Cléau). Ce sont des choses qui arrivent. Comme le métier de Julien l’indique, ça se passe à la campagne (les vendeurs de tracteurs s’installent – c’est la règle – à proximité de leurs clients semeurs de graines). Et comme l’exigent les besoins de l’intrigue, ni le dynamique entrepreneur (qui roule en Audi), ni la jolie vendeuse de crèmes contre les hémorroïdes et autres pilules plus ou moins génériques, n’est libre.
Sinon, ce serait trop simple.
Leur passion amoureuse se devra donc 1- d’être secrète (or comme nous l’avons vu, l’histoire se situe dans un gros bourg où, comme dans tout bon bled qui se respecte, tout finit toujours par se savoir) ; et 2- d’être dévoilée (si jamais les langoureux tourtereaux, passant la vitesse supérieure, décidaient d’officialiser leur liaison et de rompre avec leurs vies préalables de couples de notables installés dans la routine, le confort et la respectabilité).
Dans ce dilemme – sa résolution scellera le destin de leurs adultérines frasques –, le petit vendeur de tractopelles et la belle dealeuse d’antibiotiques vont devoir prendre leurs responsabilités. Ce qui, dans le feu (les larmes et la sueur) de la passion, n’est jamais mince affaire.
À partir d’une histoire d’amours illégitimes, Amalric propose donc une variation sur le thème des couples maléfiques. Toute la subtilité est de savoir d’où viennent les sortilèges. Ce sera au juge d’instruction (Laurent Poitrenaux) de recouper les faits et suivre son intuition.