À l’occasion de la dernière session de la Funky Freshhh Party qui a occupé régulièrement la scène du 1988 Live Club, rencontre avec le responsable de ces nuits teintées de mix, de soul, de hip-hop qui se clôtureront le 6 juin 2014. Nous avons nommé DJ Freshhh, avec trois h s’il vous plait.
■ DJ Freshhh bonjour, peux-tu rapidement nous présenter ton parcours ?
Top chrono ? Mon lien avec la musique a commencé à l’adolescence, période où le hip-hop est vraiment arrivé en France ; j’écoutais pas mal de black music, hip-hop, funk, reggae, et à 18 ans j’ai croisé un DJ avec des vinyles, un univers que je connaissais pas, et ça m’a vraiment marqué et ça a été premier salaire première platine. J’ai commencé au tout début de Radio Campus Rennes une émission, j’allais acheter mes disques aux puces de Clignancourt et à Rennes-Musique. C’est resté ma passion jusqu’à mes 30 ans, et puis je suis reparti sur la route, je me suis vraiment investi et déclaré en tant que tel DJ.
■ Il y a d’autres DJ Fresh qui existent, c’est pour ça que tu as mis un troisième h ?
Y en a plein ! L’Anglais est mondialement connu. J’existais depuis pas mal de temps, mais à l’époque y avait pas Internet, on savait pas si c’était déjà pris. Je suis resté là-dessus parce que je pensais pas vraiment en faire mon métier comme aujourd’hui, je pensais pas un jour faire djfreshhh.com !
■ Sur ton site c’est bien indiqué que tu fais du hip-hop, funk et turntablism ; pour les gens qui n’y connaissent absolument rien, l’activité de Dj ça consiste en quoi pour toi ?
D’abord faut être passionné de musique, après chacun son style. C’est réussir à trouver sa couleur de son, au fur et à mesure du temps. Après DJ pour moi, c’est quelqu’un qui passe du temps sur ses platines ! Ça parait anodin mais aujourd’hui y a tellement de DJs qui arrivent, qui téléchargent 3 playlist, ça va vite. La connaissance du vinyle aussi c’est important. Regarder, écouter les autres, qui peut faire avancer dans d’autres directions, sans regarder tout le temps les têtes d’affiche. On pourrait en parler longtemps !
■ À Rennes tu as pas mal travaillé avec la compagnie Engrenage, Doc Brrown, la Check da Vibe, la End of the Weak ; tu privilégies plutôt dans le hip-hop ?
J’aime beaucoup, c’est par là que j’ai commencé, ma passion de départ avec le rap US indé. T’es obligé de t’intéresser au hip-hop quand tu t’intéresses au DJing, c’est parti de là. Après la contradiction avec cette passion c’est qu’on peut l’aimer, mais en vivre c’est un autre débat. À Rennes c’est compliqué si j’étais catalogué en tant que DJ hip-hop, même en tant que lieux, programmation.
■ Ce seraient quoi tes influences principales ?
En DJ funk Ce serait Cut Chemist, Shadow, qui est un funk 70 break, mais faut pas s’arrêter qu’à son premier album.
■ Fin 2013 tu sortais l’album Aprica avec le projet Skim & Tone; tu peux nous en parler ?
Ça s’est fait avec Adams Roy, qui faisait les soirées Mobil-Home à l’Ubu à l’époque, qui est l’autre producteur de ce projet. Son DJ s’était blessé, je l’avais remplacé en live, et puis on est restés en contact, on a fait quelques scènes, comme les 10 ans du Jardin Moderne. On a fait chacun nos projets, on s’est revus y a deux ans avec l’idée de faire un 45 tours. Et puis finalement ça s’est terminé en album. On a lancé l’idée, chacun a sorti des ébauches, l’album s’est fait sur 8 mois. Après c’est pas facile à défendre quand t’es pas signé ; appeler une salle quand ils reçoivent déjà 300 disques dans le mois… Et puis aussi le style de musique qui est pas dans l’air du temps ; y a plein de nouveautés dans ce style de musique pourtant.
■ Oui c’est un peu paradoxal…
C’est vraiment sur la programmation. On a vendu beaucoup de disques au Leclerc Cleunay alors qu’on est inconnus, avec de bons retours. Il reste à développer le projet, pour tourner, ce qui est pas évident à organiser à plusieurs.
■ Justement cet engouement pour le vinyle, il y a Groove Rennes qui vient d’ouvrir, c’est plutôt une bonne nouvelle ?
Pour moi oui car les bacs sont dans la couleur de mes sons ! Reggae, jazz, groove, c’est super cool, Rennes-Musique ayant fermé. Il y a encore BlindSpot, peut-être que cette ouverture peut relancer une dynamique pour les deux. La dernière fois j’étais à Angers j’ai été surpris de trouver une boutique de vinyles avec un petit bar, des platines. Peut-être que la belle époque où on allait tous les jeudis aux arrivages va revenir !
« On est pas obligé de mettre un DJ fluo avec des mèches fluo. «
■ Vendredi 6 juin tu termines la saison des Funky Freshhh Party au 1988 Live Club que tu as occupé toute l’année ; c’est quoi le bilan ?
Ben moi je suis super content ! Content de l’avoir fait parce que je cherchais un lieu, c’était un challenge aussi de faire une mensuelle à Rennes, de ramener des groupes, des DJs. Parmi tout ça il y a eu aussi le très beau moment de la End Of The Weak. Une belle année, malgré les difficultés face aux autres évènements. Content de l’avoir fait, avec de belles rencontres.
■ Tu nous présentes un peu le programme ?
Alors il y aura Cut the alligator, qui fait des grosses reprises de morceaux qu’on a joués cette année, on avait fait la soirée de clôture de Jazz à l’Ouest ensemble où ils m’avaient invité. Puis ils sont huit sur scène, et puis mettre ça dans une boite je trouve toujours ça intéressant, on est pas obligé de mettre un DJ fluo avec des mèches fluo pour se dire que c’est le monde de la nuit. Et DJ Pharoah qui pour moi dans la région a vraiment cette culture du dancefloor, du groove en général.
■ Quels sont tes projets à venir ?
Continuer ! Je viens de clôturer mon année d’intermittence donc je suis reparti pour un an, l’année prochaine vous me reverrez ! Il n’y aura pas de nouvelle édition du Funk prend les Rennes car la compagnie Engrenage est sur une nouvelle création de danse et c’est quand même leur activité ! On va faire un petit temps fort Nuit des 4 Jeudis, sortir une nouvelle mixtape AfroAmbassador, sortir un projet avec le DJ nantais One Up avec qui je travaille. Je continue aussi avec les Voodoo Ambassador qui lancent aussi leurs soirées sur Rennes.
■ Quel serait ton dernier coup de cœur musical ?
(après 5 bonnes minutes de réflexion) Jean du Voyage et Djéla !
La dernière Funky Freshhh Party c’est le 6 juin dès 23h au 1988 Live Club
avec DJ Freshhh, Cut The Alligator et DJ Pharoah
