Le « Grand siècle » de Fuzati & Orgasmic

Fuzati reprend du service ! Et ce n’est surtout pas pour vendre de vieux burgers dégueulasses… Quoique ça ne lui déplairait peut-être pas mais là n’est pas la question. Après Vive la vie et La fin de l’espèce, l’odyssée du leader et unique membre du Klub des Loosers se permet un autre interlude musical en s’alliant de nouveau avec son acolyte originel Orgasmic (T.T.C), le temps de dépeindre en l’espace de quelques mois (l’album a été réalisé très vite) ce Grand siècle dans lequel nous vivons. 

Attention : si vous ne connaissez pas Fuzati et que vous êtes habitués à écouter soupes et autres bouillons populaires, cet album n’est absolument pas pour vous ! Sauf si vous aimez tremper vos illusions pleines de vie et d’ambition dans un océan rempli d’acide cynique mais bien réel.

grandsiecle

« Faut que je raconte des trucs plus simples, les gens sont de plus en plus cons. »

Changement de décor et changement de registre : place aux notes de synthétiseurs et aux touches électroniques aériennes sentant bon le rétro d’antan made in Orgasmik pour « Grand Siècle ». La lenteur du bpm a également trouvé sa place comme pour signifier que nous vivons dans un réel retour en arrière ou un ralentissement.  Malgré tous ces changements, j’annonce d’emblée : cet album frappe très très fort et je vais vous dire pourquoi. Déjà car ce qui me plaît chez Fuzati, c’est d’une part son faux « je m’en foutisme » (car Monsieur aime et ose donner son avis), qui lui permet d’aller où il veut, quand il veut et il le fait très bien. D’autre part car la réalité qu’il dépeint sèchement et froidement est difficilement contestable. Il sonne juste et tape là où ça peut vous faire mal. Dans Grand siècle, Fuzati arrive toujours à prendre du recul sur ce qui se passe et surtout : il le fait vivre.  

«Tu ne brilleras pas après ta mort parce que tu vis déjà éteint.»

Le plus compliqué dans Grand siècle ? Jongler avec les punchlines dans ce labyrinthe sonore. Mon Dieu ! Fuzati n’arrête pas une seconde. Et quand je parle de punchlines, je parle de VRAIES punchlines : celles qui servent et enrichissent un discours ou apportent une touche originale presque toujours ironique ou cynique venant de la part du vengeur masqué. Surtout, quel que soit le thème (et ils sont nombreux), elles apportent toujours un plus qui caractérise si bien l’écriture de Fuzati. On prend plaisir à réécouter cet album. On découvre, redécouvre puis découvre à nouveau des sens cachés.  

« Pas vraiment pessimiste mais c’est foutu pour le futur. La preuve : des rappeurs animent des ateliers d’écriture. »

Et ce Grand siècle alors ? De quoi parle-t-il ? Résumer un album de Fuzati est difficile (ou seulement pour moi) mais les bières, la mort, le stupre, le pognon, les chats et les filles coulent (presque) à flots. Bon courage avec ça mais le discours et le ton employé est impossible à retranscrire et ne mérite pas d’être déballé dans un article. Il faut l’entendre. L’entendre et l’écouter. Bref, on a une nouvelle fois envie d’avancer plus loin dans la galaxie musicale de Fuzati. Ceci au moins jusqu’à la fin de la trilogie, certainement le prochain album de Fuzati. La boucle serait alors bouclée. D’ici là nous pouvons vivre sereinement ce grand siècle, le réécouter ou le rejeter sans états d’âme… Qu’est-ce qu’on en a à foutre finalement ? C’est bien ce que je me disais…

 

Planétarium – Fuzati & Orgasmic

Grand siècle – Un album de 12 titres de Fuzati & Orgasmic sorti le 21 avril 2014

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