Déjà venu au festival Mythos en 2012, Nevche investissait le 19 avril le théâtre du Vieux Saint-Étienne. Guitares saturées pour poésie électrique, le Marseillais a conquis le public rennais en une heure trente de musique.
Il fait froid dans le théâtre du Vieux Saint-Étienne, et Nevche derrière son micro en plaisante. « Un concert pour couvertures ? » De son ancien nom un peu compliqué pour la scène Frédéric Nevchehirlian et ses musiciens défendent un nouvel album paru fin mars, Rétroviseur. Quand Fisto jetait un œil dans l’retro et en restant dans le rap, Nevche lui a quelque peu délaissé le slam pour un parlé chanté posé sur des compositions presque cinématographiques.
Et si c’est ça l’éternité…
Chez Nevche, tout vibre, les mots, la poésie des calanques ou plutôt celle des parkings de Marseille où l’on traîne quand on a rien à faire, les cordes du violoncelle, de la guitare, qu’elle soit acoustique ou électrique, la peau du tambour martelé, pour des rythmes parfois matraqués. Une marche musicale où vient se placer un cri, un souffle, une ombre sur les murs du théâtre. Chez Nevche, on a le culot de reprendre avec talent « Il ne faut pas rire avec ces gens-là » de Prévert qui était sur son précédent album, on n’a pas peur de placer des ruptures et des silences. Parfois ça marche, ça attrape, parfois ça retombe un peu à plat par répétition des accords et un texte qui parait moins dense. Mais les moments qui font grimper le thermomètre des mots et des rythmes, comme la violence de l’injonction de « Rendez-nous l’argent », font oublier ces quelques instants parus monotones.
Un concert qui se terminera pas une standing ovation, pour un public enfin debout, sûrement les pieds un peu gelés, mais l’âme réchauffée par un rappel. « Et si c’est ça l’éternité, je veux bien en reprendre une seconde ». Mythos, le festival autour de la parole, a bien fait les choses en donnant carte blanche à Nevche. Il l’a griffonnée de ses mots pour nous la transmettre. Message reçu.