Mythos 2014 : Rendez-vous gare de l’est, de Guillaume Vincent

L’Aire Libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande, est aussi partenaire du festival Mythos. Vendredi soir avait lieu la troisième et dernière représentation de Rendez-vous gare de l’Est, écrit et mis en scène par Guillaume Vincent.

Rendez-vous-gare-de-l'est Une dépressive, trentenaire, se confie avec sincérité au public. Monologue naturel entre le documentaire, confessions intimes et une ambiance théâtrale intimiste. L’actrice, Émilie Incerti Formentini déborde d’énergie et de mesure lorsqu’il le faut. On se croirait au café de la gare de l’est avec une pote, un peu tourmentée, qui nous raconte ses problèmes. Guillaume Vincent, avec cette retranscription, touche au réel.

 Le texte est fort, fidèlement adapté et interprété

Le sujet est délicat, pas facile d’aborder la dépression, la bipolarité, de pénétrer ainsi au cœur de la vie privée de cette jeune femme que l’on sait exister, quelque part, pas facile de réussir à faire rire à propos de scènes cocasses voire tragiques que cette femme, qui effectue des aller-retour incessants à l’hôpital psychiatrique, nous raconte avec humour et autodérision. Pas facile. Pas simple non plus, de toucher au réel, au naturel, dans un décor épuré à ce point, une simple chaise sur laquelle est assise la comédienne. Finalement, le spectateur s’invente lui-même ses décors, je suis particulièrement friand des scènes épurées, vides qui laissent de la place pour l’imagination. Sujet délicat donc, compliqué dans la forme, mais pourtant, dans l’ensemble, c’est une réussite. Parce que le texte est fort, fidèlement adapté et interprété, pour ce que dégage la comédienne, pour ce que sa voix, sa bouche qui se contorsionne dans les fureurs incontrôlées, ses yeux tantôt loin, loin derrière le public, tantôt partout, excités, pour ce que ces anecdotes nous disent, nous rappellent, pour ce que cette histoire nous envoie très violemment une réalité que nous connaissons toujours un minimum, au mois de loin, pour tout cela, c’est une réussite.

 Quelques maladresses…

Quelques maladresses tout de même. Guillaume Vincent fait une apparition. Tout à coup, en plein milieu du monologue, dans lequel nous étions rentrés sans difficulté depuis presque 45 minutes, le metteur en scène se met à répondre à notre amie, à jouer le rôle de l’interviewer, rôle qu’il avait joué auprès d’une dépressive, sa cousine certainement, pour écrire cette pièce, mais là, ça tombe d’un coup, sans prévenir, sans que cela ne soit nécessaire. Très difficile de comprendre les raisons de cette irruption, de cette interruption. Nous jouions tous très bien ce rôle de confident.

La pièce est donc intense et menée subtilement, malgré quelques petits couacs. Et rien que pour la comédienne, ça vaut le détour.

rendezvousgaredelest

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