Son épouse : une histoire qui démarre au sein des problèmes de l’Occident et nous emmène au cœur de la spiritualité et des superstitions hindoues.
Le cinéma finira-t-il un jour d’explorer les domaines de l’amour ? La variation proposée ici vous transportera à Madras. Pour le prix d’un ticket de ciné, vous avez droit à un voyage en Inde. C’est donc plutôt une bonne affaire, même s’il paraît par ailleurs qu’il est possible de faire le tour du monde avec un seul euro par jour…
Bref, lui est véto, elle, est sous Subutex® et incapable de décrocher. Tel est le point de départ. [Si vous aimez vous faire spoiler, poursuivez votre lecture. Sinon, poursuivez votre welfing*.] Ensemble, Joseph et Catherine ont un enfant, mort-né. Il va la rendre responsable de ce ratage. Désespérée, elle part pour une école française sur les côtes indiennes, où il va lui arriver malheur. Prévenu du drame, il va sur place, un peu réticent au début, puis il tombe sous le charme de cette exotique contrée et rencontre une femme qui se dit (qui est ?) possédée par l’esprit errant de Catherine. Il va s’efforcer de la ramener à la raison, de faire fuir cet esprit malfaisant et surtout, pour sa part, de reconnaître ses torts envers feue sa compagne et accomplir ses deuils (celui de son enfant mort avant d’avoir vécu et celui de sa femme, morte d’overdose au pays du curry).
Pour ma part, ça m’a plu, ça m’a transporté, et ce, d’autant plus que je n’avais pas lu le moindre pitch ni la moindre critique sur le sujet en amont. Charlotte Gainsbourg et Yvan Attal sont tous les deux formidables. La fille de Jane et Serge est superbe dans ce rôle de junkie repentie, sombre compagne et femme malmenée par un destin cruel et sans pitié quand il s’y met. Dans le rôle de l’époux protecteur et néanmoins blessé, meurtri par la mort d’un enfant désiré, Attal est lui aussi exceptionnel. Un film profond donc, sur la mort, sur le remords, sur les fantômes, les esprits mauvais (appelés «peys» par les Hindous) et sur les moyens de les combattre, de les apprivoiser, puis sur le processus de renaissance, de fidélité à la vie, à l’amour – qui transcende au bout du compte toute douleur. Un voyage au pays des éléphants, au pays des fous qu’on enchaîne aux arbres, au pays des peys farouches qu’il s’agira de capturer. Un voyage bouleversant, rude et libérateur.
* welfing : terme qui vient de la question «What was I look for ?» ( littéralement « Quelle était ma recherche ? ») et qui désigne le fait de surfer sur la toile sans but précis.