En Travaux au Grand logis, explosion intérieure

Vendredi 14 février, point de Saint Valentin à fêter mais la 100e représentation de la pièce En travaux écrite et mise en scène par Pauline Sales. L’histoire d’une rencontre, avec un bungalow, des grilles et des sacs de ciment en guise de décor au Grand Logis de Bruz.

 en-travaux-01Elle, c’est Svetlana, une émigrée biélorusse. Lui, c’est André, chef de chantier français. Il pensait avoir embauché pour la construction municipale de logements un homme. C’est une femme. Et c’est sur un terrain déjà plein de poussière qu’ils vont entrer en collision.

« Les femmes, ils les aiment au lit et à table. Oui, il est con, bien sûr qu’il est con, mais il a pas dit qu’il était intelligent, c’est pas une excuse, il ne s’excuse pas, il déteste s’excuser. »

La pièce commence par la description des protagonistes par eux-mêmes, séparés d’un ruban. Puis les grillages se rompent progressivement pour laisser place à la rencontre de ces deux êtres qu’a priori tout oppose. Et lentement, au fil du texte, les personnages vont s’effriter, se heurter, se provoquer, vider leur rage ou leur tristesse. Svetlana surtout, campée par Hélène Viviès, impressionnante et criante de vérité ; elle se défoule en écoutant du son dans son walkman, elle construit elle aussi, avec des bouts de fil de fer des sculptures éphémères. Des constructions qui ne tiennent pas face à la violence. La violence d’un nuage radioactif, puis celle de la pelleteuse qui détruit tout, le passé, le futur, la violence du racisme, du sexisme ; la violence enfin, de l’errance, qui finalement contamine les deux rôles.

« Est-ce qu’on peut être ensemble séparément ? »

entravauxC’est par le désir, imprévu, impromptu, presque saugrenu dans cette atmosphère masculine, qu’André, interprété par Anthony Poupard, et Svetlana vont trouver le point de départ des interrogations, des remises en question, de « cet endroit où ça bouge » comme le promettait l’affiche. Par un texte sensible et des interprétations vibrantes, En Travaux attaque le cœur du public au marteau-piqueur. Malgré l’apparente lourdeur du thème, les touches d’humour sont nombreuses, et le choix de plusieurs ruptures rythmiques rend la pièce accrocheuse de bout en bout. Du théâtre contemporain comme on aimerait en voir plus souvent, et une réussite pour cette première mise en scène de l’auteure. Quelque part entre tableau social désespéré et fulgurance des sentiments.

En Travaux – Une pièce écrite et mise en scène par Pauline Sales – 2012 – Avec Hélène Viviès et Anthony Poupard – Texte édité par Les Solitaires Intempestifs – Production Le Préau Basse Normandie – Jouée au Grand Logis de Bruz les 13 et 14 février 2014

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