American Hustle est le grand gagnant des Golden Globes, avec ses 10 nominations aux Oscars, le film promettait un moment de cinéma exceptionnel ; après visionnage, on s’interroge sur le sentiment de déception : uniquement la faute à la sur-promotion ?
Pas de panique non plus, tout n’est pas à jeter, au contraire ! Le film est bien fait, il est tout de même intéressant, et l’on passe un bon moment. Les acteurs sont excellents, et quelle palette ! Christian Bale n’en finit plus de nous surprendre avec ses transformations corporelles : on l’a vu en drogué rachitique dans The Fighter, en grande forme musculaire pour la trilogie des Batman, et pour ce rôle, on le voit en escroc à la bedaine aussi gonflée que son taux de confiance en lui. Amy Adams aussi est tout à fait remarquable, on avait l’habitude de la voir dans des comédies toutes mignonnes avec des rôles de princesse (Il était une fois) ou d’audacieuse amoureuse perdue en Irlande (The Leap Year). Dans American Husltle, on découvre une nouvelle facette de l’actrice : elle joue une séductrice-manipulatrice-castratrice, jamais vulgaire, même avec les tenues les plus échancrées, et est tout à fait convaincante. La déception vient en petite partie des apparitions de Jennifer Lawrence qui sont peu nombreuses alors que la promo du film mettait nettement l’accent sur l’actrice, avant que sur Amy Adams. Quoi qu’il en soit, les prestations étaient irréprochables. Une mention pour les costumes, les paillettes, les frisettes de Bradley Cooper et le toupet de Christian Bale.
Ce qui est appréciable, ce sont les attentions aux détails et le jeu des acteurs, l’importance apportée au corps, aux comportements : les trémoussements de joie, les danses de colère, les cris de bonheur… Les personnages sont montrés sous diverses apparences, les cinéastes n’ont pas eu peur de dégrader leur image : on les montre en bigoudis, sans maquillage, se collant une moumoute ou encore arborant des gants en plastique jaune. L’intérêt principal du film réside dans le traitement des personnages et la manière de les montrer sous leurs plus beaux apparats, tout en soulignant que tout est faux, demande du travail et du temps de préparation, car derrière le maquillage, les rouleaux à cheveux, les lunettes , le velours et les paillettes, il y a l’être dans sa simplicité et son naturel. Cette authenticité, on ne la rejette pas, bien au contraire, on l’exhibe et on joue avec pour faire apparaître une profondeur autre, celle que les personnages ne montrent pas en dialogue.
Le plus grand reproche, c’est certainement un manque aigu d’originalité : rien ne surprend, Robert de Niro dans son rôle de mafieux sanguinaire devient franchement redondant. On se laisse guider au flot de l’intrigue, tout nous est offert sur un plateau. Le public n’est pas sollicité à la réflexion : il n’y a pas de mystère, le twist final ne surprend pas. Il aurait fallu jouer de cela, lancer des fausses pistes, des indices par-ci par-là, maltraiter un peu le spectateur pour le faire rentrer pleinement dans le film, pour l’intégrer et ainsi attiser sa curiosité. Or, rien ne se passe, l’intrigue se déroule devant nous, et on rentre chacun chez soi sans vraiment discuter du film puisque tout a été dit. L’étrangeté du film, c’est de ne pas savoir où se tenir, il tend parfois à la comédie parodique, avec des moments drôles qui cassent avec la teneur générale du film.
Une note pour la musique : elle non plus ne surprend pas, le film ressasse les mêmes tubes, mais ces tubes on les aime et ils sont bien intégrés au film puisqu’ils imprègnent une époque, la fin des 70′s. Il faut mentionner « Live and let die » des Wings sur lequel Jennifer Lawrence s’adonne à une danse colérique des plus intenses, à coups de chiffons et de chignon ballotté. Autre moment musical, de toute beauté cette fois-ci, la version arabe de « White Rabbit » des Jefferson Airplane interprétée par Maryssa Karaa : un choix parfait qui colle tout à fait à l’atmosphère tendue et mystérieuse de l’échange des protagonistes avec la bande mafieuse de Victor Tellegio (Robert De Niro). Une dernière mention, celle du tube « I Feel Love » de Donna Summer, la chanson parfaite pour recréer l’ambiance disco de l’époque.