Violette Leduc, l’inconnue qui ressurgit

Nous avons vu Violette, biopic de Martin Provost dans les salles en novembre 2013. Réaction face à la critique qui avait fait polémique.


Violette est un film qui retrace l’histoire de Violette Leduc à partir du moment où elle commence à écrire après y avoir été incitée par son compagnon. Par hasard, elle découvre Simone de Beauvoir par la lecture de son premier ouvrage L’invitée, sorti en 1943. C’est à partir de là que naît chez Violette une obsession pour l’écrivaine engagée ; un jour, elle décide de lui confier son premier manuscrit. Simone aime ce qu’elle lit et le propose à Gallimard où Albert Camus, qui vient de créer sa collection « Espoir » pour la NRF, publie alors son roman autobiographique.

Violette a reçu une critique globalement positive, mais l’avis des Cahiers du Cinéma nous a interpellé : « Une galerie de personnages qui sont autant de prétextes à un jeu d’acteur tout en grimage et cabotinage, le tout dans un pittoresque décor de prêt-à-filmer. » Tout d’abord, je lui concède en effet, que le début du film est très théâtral et manque tout à fait de naturel, j’ai d’ailleurs pensé que je n’allais pas survivre à 2h18 de mauvais jeu. Or, cet aspect théâtral s’estompe très rapidement pour laisser place à une histoire dont on suit le flot sans regarder sa montre. Le film se tient jusqu’au bout et ne lasse pas. Martin Provost nous offre une biopic classique avec parfois même de très belles images. Il m’a été notamment très plaisant de reconnaître le lycée parisien dans lequel a été tourné La Belle personne de Christophe Honoré : un mélange de culture littéraire et cinématographique qui accentue le lien que la littérature peut entretenir avec le cinéma. Mais surtout, il fait resurgir un patrimoine français et tout un univers culturel de la France des années 50 : il est bon d’entendre parler de Camus et de Sartre et de voir apparaître à l’écran les personnages de Jean Genet et Simone de Beauvoir ! Mais la qualité première du film est de faire redécouvrir Violette Leduc, une écrivaine finalement aussi importante que Simone de Beauvoir quant à la libération de la femme par la publication de témoignages authentiques. La culture se perd, et il me semble stérile et absurde de mettre plus bas que terre celui qui veut rendre à la littérature un personnage important oublié. Une solidarité entre arts me semble évidente.

Martin Provost, qui est-il ? Il est comédien de la Comédie-Française et se fait, depuis 1992, réalisateur. Son film le plus connu est Séraphine, sorti en 2008, pour lequel il remporte 7 Césars. Yolande Moreau, qui joue Séraphine, gagne le César de la meilleure actrice ; elle  garde le premier rôle du film suivant de Martin Provost, Où va la nuit, sorti en 2011. À vous de vous faire un avis sur cette 5e réalisation du cinéaste brestois. En attendant, vous pouvez écouter la véritable Violette Leduc sur son rapport à l’écriture.


Violette – Un film de Martin Provost sorti le 6 novembre 2013 – Avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain – Durée : 2h20

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