Le monstre du piano jazz Omar Sosa rencontrait le Plaza Mayor breton le 28 mars au Grand Logis. Un jeune ensemble de percussions, mené par Hervé Duponcel, dans une création où il était question de jazz, de pierres, de bambous, de quelques pas de danse. Et d’un souffle.
Omar Sosa, pianiste cubain aimant mélanger les genres, était l’un des piliers du spectacle Percussive Rituals. Un musicien généreux souriant, avec un invité au saxophone, Guillaume Saint James, à qui le concert a fait la part belle. Autour d’eux, un bassiste, et sept percussionnistes dont Hervé Duponcel à la batterie et directeur musical du projet. Sur scène, au pied des instruments, quelques pierres et des morceaux de bambous taillés. Le concert a commencé par une entrée des musiciens au compte goutte. Des gouttes que l’on a retrouvé dans les mains du génial percussionniste Gustavo Ovalles pour un titre aquatique; une ambiance pour accompagner une projection d’images en fond de scène et la danseuse Claudie Gatineau qui est venu tracer quelques arabesques pour trois titres.
Alors Percussive Rituals au fond c’était quoi ? Un concert de jazz ? Un spectacle de danse ? Un peu tout ça à la fois, mais surtout une succession de paysages musicaux qui ont fait voyager le public aux quatre coins du monde. Entre des chorus de saxophone endiablés et un marimba qui nous envoie dans les caraïbes, l’utilisation du rythme appelait parfois un imaginaire asiatique, et nous ramenait à Cuba illico presto. Une variété de percussions quais ludique, du udu au xylophone en passant par le shekere. Avec des musiciens d’un haut niveau technique, impossible de ne pas se délecter du concert. Certains fanatiques de jazz auront peut être regretté de ne pas avoir droit à plus de chorus de la part d’Omar Sosa, qui dans ses envolées a offert tout son talent, mais ils n’ont pas pu se réjouir de l’entendre. De le voir entendre aussi, car Omar Sosa aime écouter, ceux avec qui il joue, une générosité musicale qui s’est partagée sur
scène et avec l’auditoire. Omar Sosa a un jeu sensible et un phrasé jazz qui n’a pas manqué d’en toucher plus d’un, participant lui même au jeu des percussions avec du body percussion sur ses joues, ou débutant un morceau avec un souffle dans le micro. Souffle des musiciens, souffle du saxophone, souffle du vent dans les branches, souffle des baguettes dans l’air, souffle dans la robe de la danseuse, la musique est un souffle. Une respiration entre les silences et les notes. Et le rythme s’est retrouvé au centre d’un cercle, presque familial, pour la fin du concert. Les musiciens ont pris les pierres et les bambous, pour jouer avec et proposer un dernier instant créatif au public conquis qui a remercié les artistes d’une standing ovation et d’un rappel qui a conclu la soirée sur une note d’humour, forçant Omar Sosa et Gustavo Ovalles à ressortir de leurs loges où ils avaient commencé à se changer. La musique finalement, ne nécessite aucun vêtement particulier quand elle est servie avec talent.
