Calico sort de sa cachette

A l’occasion d’un concert filmé par la licence professionnelle Cian (Convergence Internet audiovisuelle numérique) donné au Tambour le 8 mars, Jean-Marie Le Goff, chanteur du groupe Calico, a répondu à quelques unes de nos questions. Réponses directes avant la sortie de leur nouvel album La Mue prévue pour le 20 mars.

Jean-Marie bonjour. Peux-tu nous présenter le groupe Calico et son parcours ?calicojm

- Calico c’est trois frangins,  Gildas Le Goff à la batterie, Hervé Le Goff au clavier et moi-même à la guitare et au chant, et deux autres personnes, deux Vincent, Vincent Crenn à la guitare électrique et Vincent Normand à la basse. C’est un groupe qui a sorti son premier album en 2003 et le quatrième sort le 20 mars. Le style c’est de la chanson pop rock puisqu’il faut mettre ça dans une case, du texte et des arrangements pop, et un peu plus rock sur scène.

Les mois précédents, vous aviez testé la formule en duo avec Hervé, c’était un travail préparatoire au nouvel album ?

- C’était un travail parallèle. En fait l’idée c’était qu’on avait envie de faire ça, de voir ce que ça donne les chansons à poil juste avec guitare et piano. Il y a eu des opportunités qui sont arrivées et qu’on a saisies, c’est plutôt un concours de circonstance.

Il existe plusieurs définitions de Calico : une robe de chat tricolore, une ville fantôme en Californie ou un pistolet semi-automatique : laquelle choisissez-vous ?

- Je préfère la ville perdue ! Mais en fait c’est juste une histoire de sonorité, plutôt avec le sens de calicot, avec un t.

Le nouvel album s’intitule La mue; est-ce un album du changement ?

- C’est plus un aboutissement d’un long travail après le précédent disque Faire le jeu, qui est sorti en 2008, ça fait un bout de temps, et on a voulu se recentrer sur ce qu’on s’avait faire; on s’était repenché dessus, et on s’était peut être perdu dans des influences anglo saxonnes. Dans La Mue, les chansons sont plus denses et plus directes. Et on est toujours parti d’un travail guitare voix, et les arrangements sont venus derrière ; on s’est recentrés sur la chanson en fin de compte.

La Mue, parce qu’on a un titre qui s’appelle comme ça et il est devenu évident que ce serait le nom de l’album ; mais après, il n’y a pas tant de changement que ça, on creuse le même sillon depuis quatre albums.

Donc pour les conditions de composition, c’est toi qui écrit et les arrangements se greffent dessus ensuite ?

- Oui c’est à peu près ça. On fait pas des répétitions de deux heures mais plutôt de deux ou trois jours, donc il nous faut de la matière à travailler. La chanson de départ, qui peut être complètement bouleversée par les harmonies par la suite,  c’est le début de l’histoire, j’arrive avec ma guitare et mon texte. Après le texte, je le finis vraiment quand j’ai les arrangements ; j’ai un propos de départ, il y a un sujet, et dès que la couleur musicale est créée je peaufine, pendant des semaines voire des mois.

Au niveau des textes justement, d’où viennent tes influences ?

- Il y a les monstres sacrés, comme Brel Brassens Ferré, ça fait partie de mon éducation musicale, mais il y a plein d’autres choses ; Richard Desjardin qui vient du Québec, Bertrand Cantat qui est forcément dans mon histoire d’écriture parce qu’il m’a mis plein de claques, Loïc Lantoine, Pierre Lapointe.

Tu écoutes systématiquement des musiques qui sont proches de ce que vous faites ?

- Non. Par exemple Beirut ça m’a mis une claque aussi, Arcade Fire, des gens qui font des albums qui me touchent vachement.

Vous avez choisi une reprise, Deux anglaises de Clarika ; pourquoi ce titre là ?

- Concours de circonstance et sujet de la chanson. Clarika est quelqu’un qui selon moi a une carrière cohérente, qui a une ligne droite, sans que je sois  fan de tout ce qu’elle fait. Le sujet, l’homosexualité, me touche et me concerne, donc même si on l’a reprise en mars dernier et que là l’histoire du mariage pour tous c’est un peu passé, je suis content qu’elle soit sur l’album.

Calico - La mue

Le nouvel album  sort dans douze jours après le concert de ce soir ; on se sent comment avant un évènement pareil ?

- On a très envie que les gens l’écoutent, ça c’est sûr, qu’ils rentrent dans les chansons. Pour nous ça a été une longue maturation, on a mis quatre ans à le faire (c’est peut être trop !),  et aujourd’hui avec le recul, on n’en changerait pas une virgule : c’est l’album qu’on voulait faire, ce que je n’avais pas ressenti avec les albums précédents. En même temps, ça commence, mais pour nous, c’est fini, les choix ont été faits, l’enregistrement est derrière nous. Donc voilà on est contents, c’est un bel album avec un vrai livret de 20 pages, les illustrations de Vincent Normand, on attend juste que les gens l’écoutent.

Quelques titres sont déjà passés en radio, le retour est plutôt positif ?

- Oui, très ! Sauf dans les gros médias, ce qui est un peu embêtant ! J’ai reçu le bilan média aujourd’hui, je crois qu’on est en playlist dans 35 radios en France, ce qui est très bien pour nous, mais par contre on a ni France Inter, ni Néo, ni Fip, et on a pas de retour de ce côté là. La presse c’est pareil, les chroniques sont chouettes mais il y en a qui peuvent changer la donne du disque et de ses ventes.

Ça veut dire que malgré la crise du disque, les ventes peuvent quand même vous changer la donne ?

- Oui , car on est un petit projet; on a tiré le disque à 2000 exemplaires, ce qui est assez ridicule. Si on en vendait 3 000 ou 4 000, ça nous permettrait une respiration financière pour préparer la suite. Mais c’est des ventes quasi inaccessibles pour nous. Après ça n’est pas déterminant, ce qui compte c’est l’exposition médiatique ; pourquoi sortir un disque ? Ca permet d’avoir un focus, sinon on serait pas en train d’en parler maintenant ! Avoir une chronique dans Telerama, t’as une visibilité et les programmateurs savent qui tu es.

« Je suis sans doute un peu aigri, mais ce qu’il y a dans cet album c’est de la naïveté »

Tu penses donc qu’aujourd’hui il y a un rapport artiste presse qui a changé ?

- Fondamentalement, non. Mais ça a changé parce que les pros sont beaucoup plus frileux, font attention à là où ils vont. Après je suis aussi à ma place, je ne pense pas que notre album est exceptionnel et que les gens vont sauter partout ; mais s’il était plus mis en avant, je pense qu’il pourrait quand même toucher le public. Ce qui est un peu frustrant aujourd’hui, c’est qu’il y a une espèce de couche marketing, un peu cynique ; je sais pas si tu suis un peu les trucs Twitter tout ça, c’est tout le temps du décalage, de l’ironie, faut pas dire un truc franc, naïf, sinon tu fais pas de buzz; on va pas se faire à mettre des choses qui ne nous ressemblent pas pour représenter nos chansons ! Je pense que la chanson n’est plus traitée comme avant, qu’est ce qu’on raconte, où est ce que l’on va ; exemple de retour de chronique « il y a un propos, ils savent où ils vont, mais la musique n’est pas suffisamment au goût du jour », comme si la forme importait plus que le fond. Je suis sans doute un peu aigri, mais ce qu’il y a dans cet album c’est de la naïveté, donc ça ne peut pas coller avec ce décalage constant.

calicoband

La tournée est programmée, dont une date au festival Mythos pour lequel vous aviez joué en 2008 ; c’est un plaisir d’y revenir ?

- C’est un festival qui nous a accompagnés, car c’est la troisième fois qu’on va y jouer. On y a vu des choses supers, et c’est un festival qui correspond à ce qu’on raconte puisque c’est le festival des arts de la parole.

En duo vous jouiez pour la fermeture de la Vie Enchantiée, là la Quincaillerie générale a eu quelques petits ennuis ; est-ce que tu as un avis sur ce qui se passe pour les cafés concerts, en général, car ça ne concerne pas que Rennes ?

- Globalement le problème est plutôt celui de l’individu et du groupe. Je pense que si tu prends individuellement les gens embêtés par la musique, que tu vas les rencontrer, je ne sais pas si tu as une position si nette que ça. Le problème est là, individuellement ça vous embête mais le groupe a besoin de ça, de lieux pour jouer puisque sinon il n’y a plus de rencontres, un lieu culturel meurt. Il ne faut pas battre en brèche les avis des gens qui individuellement sont gênés par ça, mais d’un autre côté comment finance-t-on l’insonorisation de ces lieux ? C’est pas évident d’avoir un avis tranché même si ce genre de problème me touche.

Quel serait ton meilleur souvenir de concert ?

- Les Vieilles charrues en 2008. Après il faut faire la différence entre les meilleurs souvenirs de concert joué et de concert ressenti. Le meilleur concert ressenti c’est celui des Veilles charrues, mais c’est sûrement pas notre meilleur concert !

Ton dernier coup de cœur musical ?

- Le dernier album Punkt de Pierre Lapointe. Et mon prochain coup de cœur musical, je parie ma chemise que ce sera le nouveau Loïc Lantoine !

 

Retrouvez la vidéo réalisée à l’occasion du concert par les étudiants de Rennes 2.

 Le site officiel de Calico

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