Sept façons de tuer un chat

« Il y a sept manières de tuer un chat, me dit le Chueco, tout en caressant l’animal que lui a apporté le Quique, le garçon d’Ernestina, et il me fait un clin d’œil allumé. » Si vous voulez savoir ce qui arrive à ce chat, il vous faudra lire ce premier roman de l’argentin Matías Néspolo, désormais rédacteur à El Mundo. Bal de misère et de corruption au pays du tango.

Sept façon de tuer un chat raconte l’histoire de Gringo, un narrateur désabusé maniant argot et cynisme avec maestria, et de Chueco, compadre plus ou moins fidèle surnommé tordu, image vivante de la folie destructrice du bidonville. L’action prend place dans les faubourgs désœuvrés de Buenos Aires. Tous deux sont orphelins, le premier à été élevé par Mamina, fière et droite mère des enfants perdus du bidonville et qui tente de les préserver de la violence. Le second vit au milieu des paumés du secteur, rongés par les vices locaux de la drogue et de l’alcool.

Autour de ces deux protagonistes gravitent de multiples personnages, du jeune Quique, futé comme un chat à Jetita, chef du gang local à la jeune Yanina, fille du patron de l’unique bar du coin. Sur une trame de fond de guerre des gangs et de soulèvement populaire se déroulent de multiples chemins de la survie, entre meurtre et prostitution, vol et corruption.

Avec ce premier roman Matías Néspolo dessine une fresque des banlieues à l’abandon de Buenos Aires. Par le biais du désabusé Gringo, l’instantané de l’âpreté de la survie dans les bidonvilles nous est livrée sans fioritures, aidée en cela par le rythme du lunfardo, l’argot de Buenos Aires. C’est aussi une critique de la politique intérieure du pays, de ces policiers corrompus, alliés au narco-trafic et à prostitution, et prêts à mater par la force la révolte civile.

« (…) juste au moment où le mégaphone des flics nous ordonne de nous disperser. De dégager la route « gentiment » avant le départ de l’opération, dit le flic. Je connais cette voix. Elle ressemble beaucoup à celle que j’ai entendue l’autre nuit dans le talkie-walkie de Jetita. C’est le commissaire Zanetti, ce fils de la grande pute. Et son « gentiment » me rappelle ce que m’a dit Chueco il y a quelques jours. Cette réflexion qu’il a faite, qu’il y a sept façons de tuer un chat, mais, qu’à l’heure de la baston, il n’y a que deux façons qui vaillent, la gentille ou la dégueulasse. (…) C’est maintenant que le bal commence vraiment. »

Un premier roman réussi, intense et en prise avec les problèmes socio-économique d’un pays que l’auteur décrit avec férocité. Une tension maintenue jusqu’au bout, à l’instar des réalisations cinématographiques de ces dernières années comme La Vida Loca ou Sin Nombre.

 Article signé Lalinea.

 

 

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