Quelques chèvres et des percussions de transe, vous entrez dans la capitale du Kadebostany. A chaque pas sur son sol poussiéreux, une basse tonitruante. A chaque regard vers le ciel, des mélodies aériennes. Bienvenue au Kadebostany, le pays où l’imagination n’a aucune limite puisqu’il n’existe pas.

C’est l’histoire d’un Dj suisse, Kadebostan, et de quelques musiciens biélorusses, le groupe National Diet. C’est l’histoire d’un petit disque qui laisse une marque indélébile là où il passe, son succès florissant peu à peu au delà des frontières helvètes, la Suisse étant son pays de naissance avec le label Mental Groove. Mais c’est surtout l’histoire d’une rencontre créative hors normes, donnant lieu à 14 titres tous aussi surprenants les uns que les autres. Malgré l’étiquette facile de électro-balkanique que nous serions tenté de lui coller (laissons ça aux chouettes Balkan Beat Box ou autres Pad Brapad), le Kadebostany va plus loin. Nosfell avait déjà innové en créant son pays et sa langue, Watcha Clan et Orange Blossom avait ouvert des routes d’une musique hybride entre machines et folklores. Mais le Kadebostany nous offre plus que cela, une contrée qui ne connait aucune description, pas même musicale; car c’est là que le disque fait mouche, malgré ses références multiples il laisse à l’auditeur toute liberté de rêverie. Si l’on écoute les vagues techno de « Biplane ride to Ceyzeria » et le vieux piano de « La Saeta », difficile de croire que l’album est toujours le même. Car les musiciens s’amusent sur une basse souvent écrasante à poser un violon larmoyant ou d’interpréter à la manière du « No smoking orchestra » une fanfare qu’on croirait tout droit sortie du Monténégro : pizz de violon et soubassophone répétitif sur « Behind the Jajouka ». La force de l’album réside dans l’habileté à naviguer entre électro et acoustique, à mêler la danse à la rigidité des machines. Un disque incontournable en 2011 pour tous les amateurs de nouvelles sensations musicale, et qui en 2012 nous offre un nouveau titre, « Walking with a ghost », qui va encore plus loin dans la fusion.