Grand Soufflet, grand souffle de liberté


Le chapiteau du Grand Soufflet portait un étendard important dans sa programmation musicale. Des prises de paroles fortes et des musiques empreintes de joies : un samedi 5 octobre en compagnie, entre autres, d’Arat Kilo.

Un samedi soir sous le chapiteau du Thabor qui s’est réchauffé (au-dessus des normales saisonnières) avec en première partie le duo Aïta Mon Amour. Au micro (et parfois aux percussions électroniques), Widad Mjama (que nous avions découverte il y a un certain temps lors d’un épisode Bars en Trans avec N3rdistan en 2015 ce qui ne nous rajeunit pas mais c’est pas le sujet) et aux claviers/machines/oud (on s’excuse on n’a pas le nom du deuxième instrument à cordes), Khalil Epi.

Le musicien qui alterne les instruments s’avère aussi gérant du label franco-tunisien Shouka (chez qui on vous conseille très fortement Amar808). Mais c’est quoi Aïta mon amour ? Un projet porté par la voix de la rappeuse marocaine Widad, marquant son soutien à la jeunesse marocaine actuellement dans les rues, qui pioche ici dans des textes de la tradition orale ; l’aïta étant une forme de poésie chantée apparue au XIIᵉ siècle au Maroc. Déclarations d’amour mais aussi chant de sororité de guerrières, ici le verbe est en feu et porté par une puissance électronique qui accentue la transe.

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Un projet de haut niveau qui a sorti son projet Abda en janvier dernier (9 titres qu’on peut écouter par là), et qui aura bien chauffé la salle avant l’entrée d’une autre température. Bouillonnante. Une danse improbable menée par la chanteuse Mamany Keita et le rappeur Mike Ladd, accompagné de 6 musiciens : Arat Kilo s’élance.

Entre le charisme chaloupé en costard de Mike Ladd et le sourire de Mamany Keita, Arat Kilo pèse lourd à tous les niveaux. Surfant sur un ethio-jazz qui n’hésite pas alterner couplets de punchlines et mélodies traditionnelles, Arat Kilo signait cette année Danama, deuxième opus pour cette collaboration après Visions of Selam paru en 2018. Groupe qui saisit à plusieurs reprises le micro pour appeler au soutien par tous les moyens aux flottilles de la liberté parties pour Gaza (certaines ayant été stoppées les jours précédents le concert) et à poursuivre la dénonciation du génocide toujours en cours. Face au rouleau compresseur médiatique, les espaces de parole publics et libres comptent.

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Un set ultra rythmé (mention spéciale au moment magique percussif en collectif), faisant hocher la tête et remuer les orteils, qui a envoyé valser les étiquettes musicales et les frontières en un peu plus d’une heure de musique. Un samedi soir mémorable parmi les éditions du festival.

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* La rédaction fatiguée a fait l’impasse sur la suite avec le concert de Calle Mambo qui n’aura sûrement pas manqué de faire le public sur de la cumbia se déhancher.


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