Joy : une biographie pleine de peps sur comment faire fortune en vendant des balais quand on a un père garagiste et une mère addict aux feuilletons télé.
Comme dans Maps of the stars, de Cronenberg, on prend dans Joy son pied à découvrir un microcosme déjanté et cocasse. En l’occurrence, il s’agit ici, dans le fin fond du Massachusetts, de la famille de la petite Joy Mangano (Jennifer Lawrence), dont on suit le parcours, de gamine brillante à mère divorcée depuis deux ans (mais dont l’ex-mari, chanteur de cabaret de seconde zone, squatte encore chez elle, en sous-sol) débordée par les événements défavorables, le manque d’argent et les problèmes de plomberie.

Sa mère est une no-life sempiternellement vautrée devant des soap-opéras, genre Dallas ou Dynastie – mais en moins bien. Son père (explosif De Niro) est un garagiste impulsif, qu’elle héberge en cas de coup dur. Seule sa grand-mère, à peu près équilibrée, lui prédit un grand et bel avenir. Celui-ci va se dessiner dans la douleur. On ne devient pas femme d’affaires du jour au lendemain. Les épreuves que Joy traversera seront nombreuses, avant de connaître succès et fortune, grâce au téléachat et à la VPC de produits d’entretien révolutionnaires. S’imposer en vendant des balais-serpillères essoreurs en plastique à tous les foyers américains et au-delà n’a, dit ainsi, rien de glamour ni de particulièrement excitant. Néanmoins, la petite bouille de Jennifer Lawrence qui se métamorphose au fil de ce biopic en self-made-woman aguerrie et les enchaînements de calamités à surmonter font de cette biographie une parenthèse qui est tout sauf plombante – d’autant que la bande originale, qui démarre avec un morceau de Cream, « I feel free », et se poursuit avec du Nat King Cole, du Lee Morgan, du Rolling Stones, du Bee Gees ou du Ella Fitzgerald, est très prestigieuse.
Ne jamais s’arrêter à un pitch pour choisir une séance ciné, même si celui-ci contient les mots « téléachat » et « serpillère », telle sera la leçon de cette chronique.
[box]
Joy, film américain de David O. Russell – Avec Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Bradley Cooper, Edgar Ramírez … – 2h04 – Sortie le 30 décembre 2015.
[/box]




