Pas son genre, une comédie romantique (et belge) qui défrise.
On tombera sous le charme de Jennifer (Émilie Dequenne), la petite coiffeuse qui elle-même tombe amoureuse de Clément, professeur de philosophie séduisant (Loïc Corbery), brun ténébreux, érudit lunaire parachuté à Arras pour une année scolaire. Celui-ci y atterrit à contrecœur, mais entreprend sans tarder la jolie Arrageoise. Par goût de la conquête ? Pour ne pas dîner ni dormir seul dans la chambre d’hôtel où il est descendu depuis Paris après être descendu du train ? Par esprit de découverte des qualités particulières des Nordistes expertes en soins capillaires ? Par le hasard des rencontres ? Du fait du destin qui s’amuse à entrecroiser les existences ? Parce que la jolie coiffeuse, mère célibataire, émet tous les signaux indiquant qu’elle-même est ouverte et prête à la rencontre avec le prince charmant qu’elle appelait de tous ses vœux ? Par goût de la chair ? Parce que Cupidon, ou Éros, a sévi ? Parce que c’était écrit dans leur horoscope ? Rien ne permet de le savoir précisément. Quoi qu’il en soit, ce couple effectivement dépareillé part avec un sérieux handicap. Clément (fils d’énarque) et Jennifer (maman qui plus est d’un petit Dylan) vont avoir fort à faire pour combler le fossé culturel palpable, audible, mesurable (issu de leurs éducations, de leurs lieux et milieux de naissance, de leurs aspirations, de leurs univers mentaux, de leurs aspirations, de leurs codes, de leurs parcours) qui les sépare. Il lui fait découvrir Emmanuel Kant et Fédor Dostoïevski, elle lui fait connaître les soirées-karaoké et les barres HLM. Elle incarne la province, pire le Pas-de-Calais, lui la capitale et les cocktails mondains. C’est cette entreprise (d’emblée vouée à l’échec ?) que décrit malicieusement Lucas Belvaux. Tandis que le spectateur jauge l’espace qui les distancie, les deux acteurs principaux se répondent ainsi dans un jeu des 7 différences. Jeu qui n’empêchera pas les deux tourtereaux de se rapprocher, de s’éprouver, de s’apprécier et de mesurer les écarts qui les éloignent.
[box type= »shadow »]Pas son genre – Comédie sentimentale de Lucas Belvaux – Avec Émilie Dequenne, Loïc Corbery (de la Comédie Française), Sandra Nkake – Sortie le 30 avril 2014 – Durée : 1h51[/box]
