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Une Promesse : un film de Leconte d’après une nouvelle de Zweig

Une Promesse (A Promise) : un film franco-belge qui donne envie de (re)lire des auteurs autrichiens.

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C’est censé se passer en Allemagne, en 1912. Or les personnages parlent anglais (même quand ils lisent un journal écrit dans la langue de Goethe, Bismarck et consorts) et c’est bien sûr sous-titré en français ; tant qu’à faire, on peut donc se demander pourquoi Leconte n’a pas pris plus de liberté avec le roman de Stefan Zweig et donc pas choisi pour lieu de son action un comté minier britannique, ou bien une lointaine province albanaise, voire une île de Polynésie…

Jusqu’où ira l’outrecuidance du jeune secrétaire ?

L’absence d’audace est un peu ce qui caractérise d’ailleurs ce long-métrage, fort plaisant au demeurant. Car hormis cette incongruité linguistique, l’histoire de Friederich Zeitz, jeune secrétaire particulier entré au service d’un vieil industriel, Herr Karl Hoffmeister (qui a fait fructifier une fortune, dans la sidérurgie, léguée par son père et son grand-père dont les affaires décollèrent avec l’augmentation brutale des besoins en acier liés à la ligne de chemin de fer établie entre Dresde et Leipzig en 1838), est plutôt passionnante et romanesque à souhait. Tomber amoureux de la (ravissante il est vrai) femme de son boss (Rebecca Hall) expose en effet à quelques périls, quelques artifices, et ce, même si le boss en question a une santé vacillante. Mais profiter d’un vieillard, même s’il est très riche, c’est très laid, et ce n’est pas le propos de Patrice Leconte ni probablement celui de Stefan Zweig. Donc, celui-là, moustachu mais loin d’être cacochyme, s’appuie de plus en plus sur son dévoué bras droit, auquel il confiera bientôt des responsabilités revues à la hausse et quelques autres privilèges. Alors forcément, la pression augmente sensiblement sur les épaules du blanc-bec, dont la loyauté est rudement mise à l’épreuve ! Cela dit, le vieux crocodile n’est pas dupe des manigances ourdies par l’agile renard qu’il a, peut-être inconsidérément, laissé pénétrer dans le poulailler… Toute la question est de savoir comment cette intrigue se dénouera. Jusqu’où ira l’outrecuidance du jeune secrétaire ? Jusqu’où osera-t-il pousser ses pions ? Quelles mesures suffisantes prendra Herr Hoffmeister pour protéger la belle Frau Charlotte Hoffmeister et l’éloigner des tentations qui l’ont saisie ? Heureusement, la vie est pleine de ressources pour venir à bout de tout problème et en l’occurrence, en ce qui concerne nos tourtereaux, un exil au Mexique pour exploiter des mines de manganèse et le déclenchement de la Première Guerre mondiale apporteront une espèce de solution…

 

Au final, si la sobriété et la retenue de la mise en scène mettent en valeur la simplicité triangulaire de cette variation sur le thème de la fidélité (rendue compliquée par le surgissement d’un puissant désir et par la promiscuité paradoxalement voulue et entretenue par le vieux mari qui invite en sa demeure le jeune et beau Friederich), on retiendra d’Une Promesse comme un manque de couleurs contrastée, l’absence d’un je-ne-sais-quoi de spectaculaire, une sorte de tiédeur, un excès de gris… mais peut-être était-ce précisément l’une des directives du cahier des charges scrupuleusement respectées par Patrice Leconte. Car si l’on veut de la couleur gaie, des émotions fortes et du piment, rien ne nous empêche d’aller en chercher ailleurs que dans les salles obscures climatisées !

[box type= »shadow »]Une promesse – Film franco-belge de Patrice Leconte – Avec Rebecca Hall, Alan Rickman, Richard Madden – Durée : 1h38 – Sortie le 16 avril 2014.[/box]

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