L’amour est un crime parfait, de J.-M. et A. Larrieu, une parfaite idée de sortie cinéma, pour goûter aux joies et frissons de l’altitude et du grand air helvète.

Migraineux, somnambule, tabaco-dépendant cumulant clopes et vapoteuse, un brin hémophile, et néanmoins grand séducteur, Marc (Mathieu Amalric) est professeur de français à Lausanne. Hormis sa sœur (Karin Viard) qui bosse sur le même campus et avec laquelle il entretient des relations quasi-incestueuses, ses conquêtes sont principalement des étudiantes, succombant à son cynisme tranquille ou à ses citations d’André Breton (1896-1966) et ses références à Luis Buñuel (1900-1983), réalisateur de L’âge d’or (voir plus bas pour ceux qui auraient besoin d’une piqûre de rappel sur ce que fut l’extraordinaire créativité des mouvements dadaïstes et surréalistes), à moins que ce ne soit à son aura assumée d’auteur raté, à ses pantalons de velours côtelé ou à son chalet cossu et son 4 × 4 tous deux bien utiles en cette région de montagne. Ça se passe en effet en Suisse – pour ceux qui ne sauraient pas que Lausanne s’y trouve.
Quand Barbara (Marion Duval), une de ses étudiantes (aux charmes évidents) disparaît et qu’Anna (Maïwenn), la belle-mère de celle-ci (aux charmes ténébreux), apparaît, les choses se corsent tel un arabica serré sans sucre. L’enquête sera dès lors menée pianissimo par un policier narquois dont chaque intervention est un véritable plaisir (Damien Dorsaz) et dont l’anorak bleu électrique n’a vraisemblablement d’égal que l’imper élimé de l’inspecteur Columbo.

Il y a donc de belles choses dans ce thriller alpin. Du suspens ; des notes élégantes d’érotisme et d’humour bienvenues ; une musique de Caravaggio qui met l’ambiance (amplifiant subtilement les tensions et devenant, au moment de la fin, digne d’une série B, larmoyante et mélodramatique à souhait, lorsque le soleil se couche sur le lac Léman) ; des conflits de hiérarchie et des zones délicates d’intérêts polymorphes au sein de l’université décrite ; des paysages glacés (ah que la montagne est belle, on ne le dira voire ne le chantera jamais assez) ; des routes en épingle à cheveux ; des femmes fatales aux corps enfiévrés ; des acteurs qui sont bien sûr heureux de jouer et qu’on a toujours un immense plaisir à retrouver (qu’il s’agisse de Karin Viard vue récemment dans Lulu femme nue de Sólveig Anspach ; de Mathieu Amalric qu’on avait adoré en psychanalyste anthropologue et polyglotte dans Jimmy P. – Psychothérapie d’un Indien des plaines d’Arnaud Desplechin ou Tournée réalisé par ses propres soins, voire Les derniers jours du monde des mêmes Arnaud et Jean-Marie Larrieu ; de Denis Podalydès, qu’aucun registre n’effraie, ou de Sara Forestier qui, ici, en fille de mafioso local, est parfaitement à l’aise), que demander de plus à une séance de cinoche, je vous le demande !
[box type= »shadow »]L’amour est un crime parfait – Un film de Jean-Marie et Arnaud Larrieu, d’après un roman de Philippe Djian paru chez Gallimard (Incidences), avec Karin Viard, Mathieu Amalric, Denis Podalydès (de la Comédie française), Maïwenn, Sara Forestier, Marion Duval, Damien Dorsaz – Durée : 1 h 51[/box]





