La Collective de Rennes a lancé l’année dernière un concept fort intriguant, une idée originale : la Dînée. Un repas, pour du micro-financement de projets d’art contemporain. Bigre, ce n’est pourtant pas notre spécialité ! Mais dans sa curiosité, l’Imprimerie est allée tester, fourchette en main, cette 3ème édition qui avait lieu à l’école des beaux arts le 22 février.

Rappel des fondamentaux. La Dînée, ce n’est pas un concours, plutôt un rendez-vous d’échange autour de trois ou quatre projets. Les initiateurs, autour d’un repas convivial, expliquent leur but, leur travail, et la raison de leur appel à ce micro-mécénat. Car c’est de cela qu’il s’agit. Inspiré des Detroit soup aux Etats Unis et de la vague du crowfunding, les participants choisissent par un vote à qui les bénéfices iront. Comme l’explique Johanna Rocard, membre de la collective, il s’agit plutôt de tendre vers des Amap culturelles, la construction d’un réseau qui peut s’auto-financer et le fait de travailler collectivement; les projets présentés ont chacun leur valeur, et le gagnant n’est lauréat d’aucune palme. Juste d’un petit coup de pouce pour aller un peu plus loin. Une initiative qui révèle l’envers d’un décor mal connu.
Alors une fois sur place, comment ça se passe ? Chaque invité reçoit un programme, avec un numéro pour son placement à table ainsi qu’un bulletin de vote. Autour d’un verre, ils commencent à découvrir les installations, sorte d’exposition d’œuvres en gestation, peuvent discuter, poser des questions, avant de se voir conviés à table. Attention, la scénographie d’un étudiant aux Beaux Arts peut faire des miracles : d’un endroit un peu grisâtre, nous nous retrouvons dans une salle agréable, candélabres et vaisselle tendance XIXème siècle à l’appui. Les discussions démarrent, les artistes changent de place, prennent la parole à chaque plat pour défendre leur idée. Le dessert passé, chacun prend son bulletin et le dépose dans une soupière (si si) avant d’attendre les délibérations.
Outre une dégustation avec des inconnus pour un moment sympa, quel intérêt me direz-vous; l’art contemporain parfois on ne comprend rien, et ils ont déjà des galeries, ça ne sert à rien ! Et bien non, c’est comme partout, la création, c’est difficile, il faut du temps et des matériaux, des lieux; et les a priori se trouvent vite rangés quand il s’agit d’écouter les trois artistes présents. Qui étaient-ils donc ?
- Thomas Dellys et Thomas Joly. Designers. Projet : un campement éphémère pour une nuit d’hôtel à la galerie DMA. Revisiter l’espace, les matériaux, et tendre vers l’open-source pour : « j’ai fait mon meuble moi même mais sans aller chez Ikea, les notices sont en suédois j’y comprends rien ».
- Hélène Leflaive. Gardienne de montagnes. Projet : poursuivre sa collecte pour ce musée régi par un règlement intérieur rigoureux. Une visite mystérieuse, pour lesquels il vous faudra vous projeter sur l’Everest, ou les monts d’Arrée, c’est au choix. La hauteur n’a pas d’importance, tout ce qui compte, c’est le point de vue.
- La Revue Epoka. Édition tendance gréco latine. Projet : soutenir le lancement d’une revue apériodique faisant appel à différents artistes autour du thème des mythologies. Soirée de lancement en musique le 7 mars au Jardin Moderne.
C’est donc après une escalade de suspense et la dégustation d’un amas de petits gâteaux au gingembre qu’Hélène Leflaive s’est vue transporter au sommet avec son musée des montagnes. Les applaudissements passés, les conversations continues. Le verdict ? L’Imprimerie, pourtant allergique aux concepts, a apprécié l’esprit et l’ambiance de l’évènement, a fait des rencontres et a changé quelque peu son regard. En souhaitant que d’autres en profitent tout autant.
La prochaine Dînée aura lieu en avril. N’attendez plus pour réserver, les votes par procuration ne sont pas acceptés.
[box type= »shadow »]Toutes les informations sur le site de La Collective
Le site de Thomas Dellys[/box]







