Pour sa nouvelle création, la compagnie Motus déroge à ses habitudes et s’appuie sur le texte de La Tempête de Shakespeare réécrite par Aimé Césaire.Un spectacle intitulé Nella Tempesta et présenté lors de Mettre en scène 2013.
Un résumé en serait difficile et n’est de toute façon pas nécessaire pour voir cette pièce. La seule chose qui importe, et qui ressort dans Nella Tempesta, est la volonté utopique de construire un nouveau monde. Pour cela, la compagnie a voyagé, rencontré, discuté, et organisé des travaux entre professionnels et amateurs de tous lieux, notamment de « lieux occupés » comme ils disent. On peut en effet lire dans la liste de leur collaborations « Teatro Valle Occupato, Angelo Mai Occupato », qui sont des théâtres jadis abandonnés ou en désuétude réinvestis par des collectifs d’artistes de manière illégale, mais la situation est telle en Italie que ses pratiques deviennent monnaie face des politiques qui ne leur apportent pas plus d’importance qu’à l’art en général.
La pièce de Shakespeare traite aussi d’un naufrage sur une île déserte. Ce thème est aussi traité, grâce à la rencontre de tous ses gens, immigrés attendant inlassablement leurs papiers et vivant dans ces lieux « occupés », par la Compagnie soulevant la question « comment peut-on arriver à dire que des gens sont illégaux sur Terre ? ». Une de leurs acteurs est resté cinq ans dans cette situation. Deux de leurs actrices vivent »illégalement » dans des théâtres occupés.
Le vécu de ses acteurs amène à la pièce une force et une beauté incomparables, mêlant textes de Shakespeare et réflexions autour de ce texte par des acteurs et personnes en tourment, tiraillées entre la colère et la tristesse que leur procure la vision du monde dans lesquelles ils vivent, ainsi que la volonté inébranlable de tout changer et d’en refonder un nouveau. Cette pièce d’une belle poésie parvient captiver et faire réfléchir son public dans un très beau spectacle, en émouvant plus d’un.
