De nous parler de chemins cassés, de frontières à déplacer, d’avions qui tuent et face à laquelle l’espoir tente de survivre. Nous vous parlons d’amour ce sont des mots, pas tout à fait comme les autres, pas tout à fait un spectacle de Massimo Dean, pas tout à fait un livre de Jeanne Benameur, et présenté en création au Théâtre national de Bretagne.

Tout part, comme la précédente création du metteur en scène Massimo Dean La Rance n’est pas un fleuve, de réunir des personnes que la vie a percuté sans tendresse, pour monter une pièce. Il y a ensuite une rencontre de la troupe avec l’écrivaine Jeanne Benameur, qui en produit une série de textes, parus aux éditions Bruno Doucey en janvier 2025, et regroupés sous le titre Nous vous parlons d’amour. Les mots sont plantés et c’est par la voix des acteur·ices qu’ils ressortent, qu’ils s’avancent. Rencontre, enfin, avec la musicienne rennaise Laetitia Sheriff, installée en fond de scène, entre deux escaliers.

©Richard Louvet

Tout est donc question de lien et de rencontre(s), pour porter ces récits, ou plutôt certaines bribes, car l’histoire n’est jamais contée en entier, et nous ne savons pas, parmi les 9 visages, les 9 voix (accompagnées en off par celles d’Yvon Le Men et Jérôme Jézéquel), à qui appartiennent ces morceaux, qu’il s’agisse d’une famille autour d’une table ou de corps aplatis sous les tirs de guerre le long d’une route. Des mots parfois presque criés, parfois tendus avec douceur et humilité comme l’annonce les premiers mots du texte : « Mais qui sommes-nous pour oser venir vous parler d’amour dans ce monde ? ». Apparaissent alors des tableaux, des images pétries de la violence du monde ou de l’enchantement des fleurs d’un bougainvillier, de photographies de l’horreur ou d’un carré de ciel bleu. Un aller-retour entre la vie des personnes et l’écriture qu’en a modelé Jeanne Benameur.

« Mais je dois prendre garde,

on tire aussi sur les oiseaux »

Au fur et à mesure, la musique de Laetitia Sheriff, alternant guitare et claviers, avec souvent les plages éthérées qui lui sont propres, porte les comédien·nes, dans leur marche, dans leur cris, dans leurs déplacements ou leur immobilité : un écrin bien trouvé qui ne sert pas d’habillage mais qui respire avec les souffles en train d’évoluer. Avec Nous vous parlons d’amour, c’est l’interrogation de l’humanité qui est faite à partir des singularités de chacun·e. Un texte vibrant qui use de la fragilité pour esquisser l’espoir : à vous d’aller aussi à sa rencontre.

Dates à venir

Bécherel, Fête du livre – Maison du Livre
20 04 2025
Rennes, Les Tombées de la Nuit
03 07 – 06 07 2025

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